Séjour du 25 février au
11 mars 2020
![]() |
manifestation du FNDC à Conakry (photo wikimédia fondation) |
Pourtant hier soir, le doute s’est
installé dans leur esprit. Un appel alarmiste exposant les risques d’un tel
voyage les a troublées. Sébastien Rodts de Charente Maritime Coopération leur a
fait part de recommandations reçues de l’Ambassade de France en Guinée et du
Ministère des Affaires Etrangères visant à annuler ou à reporter tout
déplacement en Guinée. Ce conseil faisait écho à la montée des tensions sociales provoquées par les élections législatives et la tenue d’un
référendum constitutionnel.
Prévues le 9 février, les législatives avaient été reportées au 16. Sachant que les périodes
pré-électorales sont sources de conflits, de protestions meurtrières, il avait été décidé de partir après ; CMC le 19 et le CJ le 25. Ce report a privé le président Didier
Tournade et Colette du voyage. Ils avaient réservé cette période de vacances
avec leurs enfants.
Bernard Bouchereau qui fait partie des deux associations
a pris l’avion le 19 dans le cadre du voyage organisé par CMC dont il est
vice-président. Le président Jean-Marie Roustit étant empêché et les
autres préposés au voyage souhaitant attendre de voir l’évolution des
événements, il est parti seul.
Ce référendum constitutionnel qui s’est
ajouté aux législatives déjà mouvementées amplifie encore les tensions. Pourquoi
ce référendum ? Officiellement pour l’adoption d’une nouvelle constitution
qui donnerait de nouveaux droits : l’égalité des sexes, une plus juste
répartition des richesses en faveur des jeunes et des pauvres, l’interdiction
de l’excision et le mariage des mineurs, entre autres. Pour l’opposition, le véritable
projet est de supprimer la limite du nombre de mandats présidentiels, subterfuge
d’un dirigeant qui, à bientôt 82 ans, entend briguer un troisième mandat à la
fin de l’année alors que la constitution actuelle en limite le nombre à deux. Ce
front contre Alpha Condé rassemble les partis d’opposition, la société civile
et les syndicats.
Dépitées, nous nous réunissons pour prendre une décision. Quelques heures avant le départ, c’est la douche froide, nos bagages sont déjà dans le véhicule prêté par la commune pour l’association. Nous emportons chacune deux sacs de 23 kg pour loger les effets à donner. Hier soir au téléphone, Bernard m’a parlé des affrontements entre les forces de sécurité et les manifestants dans certains quartiers de Conakry et les grandes villes mais pas de perturbations à Boffa.
A chaque élection le schéma se
reproduit, nous l’avons déjà vécu. Je prends au sérieux ce que nous dit
Sébastien en pensant que la situation s’est fortement dégradée depuis la veille,
mais trouvant que la meilleure information est à prendre sur place, j’appelle
Bernard. Il nous rassure, à Boffa tout est calme, nous pouvons venir. Il
suffira de ne pas traîner à Conakry, de sortir de la ville mercredi car une
grande manifestation est prévue jeudi. Selon les recommandations de
l’ambassade, il nous a inscrit sur le site Ariane. Un cri de satisfaction
résonne dans le salon. J’appelle Sébastien qui a été très pressant pour nous
dissuader de partir, je le remercie de nous avoir alertées et lui fais part
de notre décision de prendre l’avion comme prévu.
Il est donc 6h30 lorsque nous prenons la route pour Nantes. Nous devons faire un crochet par La Roche s/Yon chez Kadiatou Gaillardon qui a un colis à nous remettre pour son mari, à Conakry. Elle est déjà partie au travail, c’est son fils Christian qui nous confie le sac.
A l’aéroport, Michel nous quitte assez
vite. Retour à Marans pour ramener le véhicule à l’atelier communal. Il est réservé
en début d’après-midi.
Nous nous présentons à l’enregistrement
à 9h. Mon sac hissé sur le tapis, l’employée me pose les questions rituelles
dont « il n’y a pas d’ordinateur ? Et surtout pas de
batterie ? » Le doute s’installe dans mon esprit. L’ordinateur donné
par Mohamed Bah pour son frère, je l’ai mis dans mon bagage à main mais la
batterie qu’il a pris soin d’enlever, qu’en ai-je fait ? J’ouvre le sac,
j’opère une première fouille sans trouver, mais je ne suis pas sûre. J’aurais pu
dire « il n’y a rien » mais consciencieusement j’extirpe un à un des
vêtements… des livres… des trousses… et pendant ce temps, les filles
m’attendent. Heureusement, peu de monde ce matin et plusieurs guichets sont ouverts,
je ne crée pas de file d’attente. Lorsque tout ou presque est déballé, je peux
assurer à la préposée qu’il n’y en a pas. Je retrouve la batterie dans mon
bagage à main. N’aurait-il pas été plus simple de le vérifier d’abord… ?
Au scanner du bagage à main, c’est
Marie-Noëlle qui est priée de déballer son sac. Rien d’anormal, nous pouvons
passer. Et pourtant !! Inspection
déficiente et celle de Roissy aussi car, arrivée en Guinée, elle trouvera un
couteau au fond du sac. Idem pour moi qui ai confié mon sac à dos rouge à
Christine avec, dans la pochette, un petit couteau éplucheur acheté une semaine
avant en Auvergne. Il passera tous les scanners, français et guinéens.
Le départ est prévu à 10h40, nous nous
dirigeons vers la brasserie pour un café-croissant.
L’embarquement se fait à l’heure.
Assises dans l’avion, les doutes de la veille s’envolent, c’est sûr, nous y
allons. Une heure de transit à Roissy pour passer du terminal E au terminal D. C’est
souvent un peu juste mais pas aujourd’hui, par deux fois nous prenons un bus.
Presqu'île de Conakry |
Fleuve Konkouré |

Par la vitre de la voiture, les rues animées défilent. Le soir, le petit commerce continue sur les trottoirs, les enfants jouent dans les rues et dans les caniveaux jonchés de détritus. Au quartier des menuisiers, billes de bois et planches encombrent une partie de la rue. En moins d’une heure, nous arrivons au quartier Matam, accueillies chez Emile Gaillardon d’origine française par son grand-père et guinéenne par sa grand-mère. Sa famille vit en France depuis une vingtaine d'années, leur double nationalité ayant permis aux enfants de faire leurs études dans les écoles françaises. Le colis de La Roche sur Yon, c’est pour lui. Sa sœur Hélène qui habite Orly est là, en vacances. Rafraîchissements pour tout le monde et un verre de sangria importé d’Espagne pour nous souhaiter la bienvenue. Wo nuséné ! Le calme, la végétation luxuriante et bien ordonnée du jardin tranche avec la rue. Une douce chaleur nous enveloppe. En neuf heures, nous sommes passées de l’hiver au plein été.
Le jardin d'Emile |
la cuisine |


Retrouvailles avec Jacques, son homme de confiance qui gère le bar attenant à la cour et avec
sa femme Jacqueline qui a une échoppe dans la rue. Leurs enfants Emile et
Pauline, un prénom familier pour Christine et moi, restent près de nous toute
la soirée. Vincent le garçon coursier a été remplacé par Joseph.
Nous
prenons possession de nos chambres. Marie-Noelle et moi en partageons une,
celle de Geneviève donne sur le jardin. Chambre avec salon à l’étage pour
Christine, près des appartements du maître des lieux. L’eau ne coule pas ce
soir pour la douche. Dans les salles de bains, de grandes poubelles sont
remplies pour parer aux coupures de l’eau de ville.
Rien
n’est prévu pour le repas selon une consigne de Bernard qui supposait que nous
allions dîner dans l’avion. Qu’à cela ne tienne ! Joseph va nous acheter deux
boîtes de sardines et du pain. Il est déjà 22h30. Emile nous fait part des
actualités. Vu les événements, nous partirons dès demain pour Boffa, une grande
manifestation étant prévue jeudi à Conakry. Belle soirée sur la terrasse et au
jardin où nous nous prélassons avant d’aller au lit.
Toutes
les chambres sont équipées de climatisation et nous aurons la chance de ne pas
avoir de coupure d’électricité. Pour ma part très bonne nuit, réveillée un peu
tôt par le chant aigu et répétitif d’un oiseau niché dans le grand avocatier. Ce n’est pas le cas de ma compagne de chambre qui a
ressassé une histoire de clé qu’elle croyait égarée.
Mercredi
26 février
Joseph apporte le pain frais et la
vache qui rit. Je fais le café à la machine, très serré pour Emile. Il y a aussi
des dosettes de nescafé et du thé.
Le propriétaire du 4x4 Nissan que nous
allons louer arrive à 9h. C’est Emile qui l’a contacté courant février et
Bernard a négocié le prix avec lui mercredi dernier en arrivant. Il a été décidé
qu’il nous conduirait cet après-midi à Boffa et que Bernard prendrait la relève
au volant. Exceptionnellement, il veut bien nous le louer sans chauffeur. C’est
avantageux : 400 000 FG par jour (38€) pour 5 personnes. Il prendra 100 000
de plus pour nous conduire à Boffa et son retour en taxi.
A son tour, monsieur Barry, notre
cambiste de rue arrive avec le pactole dans sa besace. Nous nous installons
dans le salon. Il nous remet 20,8 millions à nous partager. 500 € chacune à 10 400
Francs guinéens le change. Recompter tous les billets de chaque liasse comme
c’est de coutume, prend un certain temps. Notre magot à peine empoché, voilà
que Marie-Noelle, désignée responsable de la caisse commune, nous réclame 400 000
FG.
L'affaire est entendue, nous embarquons dans le Pajero
pour l'accompagner au marché Bonfi. L’insalubrité de la ville devinée hier
soir de nuit, saute à la figue ce matin en pleine lumière et particulièrement
aux abords des marchés ou les détritus s’amassent chaque jour un peu plus dans
ce pays où il n’y a pas ou très peu de collectes des déchets. Bien que je
connaisse les lieux depuis des années, c’est toujours la même désolation de
voir la population vivre dans cet environnement. Alors pour Christine qui le
découvre, le choc est rude. Marie-Noelle connait, elle est venue quatre fois,
Geneviève se réacclimate, son second et dernier voyage date de 2008. Dans ce
domaine, rien n’a changé. Et pourtant, de ce décor délabré, ressort une ambiance
étourdissante, des couleurs enchanteresses, la noirceur des images est balayée
par l’abord sympathique et le fabuleux accueil des guinéens.

marchande de beignets |
Avec Abou, nous nous faufilons dans le souk au toit de tôle maintenu par des perches ou les étals faits de
planches et de tables bancales se présentent de guingois de chaque côté des allées
défoncées. Les marchandises sont par quartier. Sur les bancs de légumes, le
vert tendre des salades qui tranche avec le rouge vermillon des piments, suivi
des carottes et aubergines, font oublier la saleté du lieu. C’est un peu moins
vrai à l'approche des bancs de poissons. L’odeur ambiante des bongas fumés et
autres poissons frais ne met pas en confiance, alors que nous les trouverons
très bons, cuisinés au riz gras. Ce sera notre repas de midi.
Dans une grande halle, des dizaines de
machines à coudre crépitent sous les pieds de garçons et de filles dans un
joyeux brouhaha. Pour la confection d’une robe bien ajustée, d’un boubou au
plastron brodé ou d’un complet pour les hommes, les clients choisissent le
tissu parmi les pagnes colorés accrochés sur des perches au fond de l’atelier.
Le marché Bonfi
Retour chez Emile. Dès 10h, la cuisinière a allumé les réchauds à charbon de bois dans le coin du jardin réservé à la cuisine. En Guinée et plus généralement en Afrique, les cuisines sont sous un appentis en plein air. Les combustibles utilisés sont le bois et le charbon de bois, même en ville. Pendant que le riz bouillonne dans une marmite, elle frit les poissons dans la poêle. A 13h, le grand plat de riz gras au poisson nous est servi sur la terrasse avec ananas en dessert. Délicieux !
Je prépare mon cadeau pour Marietou, la
jeune voisine d’Emile que je vois tous les ans. Elle correspond avec Margot, la
sœur de Pierre notre petit fils. Emile me stoppe, elle est décédée voici trois
semaines. Elle est rentrée à l’hôpital pour des douleurs aux reins et n’en est
pas sortie vivante. Sa famille ne sait pas de quoi elle souffrait. Elle avait
23 ans. Quelle tristesse ! Je verrai sa mère ce soir pour les
condoléances.
Monsieur Karamoko Keïta arrive à 14h.
Ce n’est pas une sinécure pour loger nos huit sacs dans le coffre de son 4x4
Nissan, plus petit que le Pajero d’Emile. Aidé de Joseph, il réussit à tout
faire rentrer. Nous garderons nos bagages à main dans l’habitacle.
« Ce n’est qu’un au revoir » à Emile,
Hélène, Jacques, le petit Emile et sa sœur Pauline, la cuisinière et Joseph… l’amoureux
transi qui, arborant un visage digne des acteurs américains, a déclaré sa
flamme à Christine ce matin. Me prenant pour sa mère ou sa grande sœur, il est
même venu en toute discrétion me demander de lui accorder sa main (j’exagère
juste un peu). Geneviève nous dira plus tard, qu’à elle aussi, il a fait du
gringue. Ces dames peuvent être ravies… il est jeune et beau garçon. Distribution des enveloppes avant de
partir. Sur les recommandations d’Emile quant à la somme, nous remettons
50 000 à la cuisinière, à Abou et à Joseph.
Énormément de circulation pour sortir
de Conakry. Lorsque nous sommes à l’arrêt, bloqués dans les encombrements, les
vendeuses à plateaux se présentent à la fenêtre en clamant à la cantonade en langue soussou « yé
glacée (eau fraîche) - léfuré (orange pelée) - tokhè-khèlè (œufs) - tami (pain)
- banani (banane) ».
Christine est désolée de ne pouvoir
prendre de photos, elle a fait tomber son appareil dans les toilettes chez
Emile. Geneviève et Marie-Noëlle s’y emploient, discrètement. Il s’agit de ne
pas avoir dans le viseur, un militaire ou un policier qui sont rarement
d’accord pour qu’on leur tire le portrait. L’année dernière j’ai passé une
heure à parlementer avec les policiers qui cherchaient à me soutirer de
l’argent parce que mon appareil était posé sur le siège arrière de la voiture
et qu’ils affirmaient que je les avais pris en photo, ce qui était faux. Ce
n’est pas pour cela que je ne l’ai pas pris cette année, mais j’ai tellement de
photos. J’en ferai tout de même avec mon téléphone. Certaines situations insolites
sont irrésistibles.

la sécurité en option
Un seul barrage jusqu’à Boffa. Passé Dubréka et bien après le "chien qui fume"*, la corde où sont accrochés des "caoutchoucs" à rayures roses et blanches nous empêche de continuer. Une demi-douzaine de militaires parlemente avec les chauffeurs de taxi qui ont l’habitude de faire passer un billet d’une paume à l’autre. L’un d’eux s’approche de notre vitre baissée pour consulter les passeports. Quelques minutes après, le sésame est proclamé « libérez ! » et la corde tombe.
* Le chien ne fume pas aujourd’hui.
Aucun nuage accroché au sommet du Mont Dixinn qui sous un certain angle
ressemble à un chien.
![]() |
convoyeur de bauxite |
![]() |
Construction du port fluvial de Chinalco sur la Fatala (photo journal Jeune Afrique) |
Leur quartier général à l’entrée de l’agglomération de Boffa s’est fortement étendu. La petite résidence chinoise est
devenue immense. Derrière le mur de clôture, plusieurs grands immeubles ont
poussé comme des champignons.
Odile Barry chez qui nous dînons
habituellement n’arrive de Kamsar que demain, nous allons chez Katy-resto, un
nouvel établissement où Bernard a mangé du très bon poulet hier. Au bord de la
route, les gallinacées rôtissent sur un brasero à côté de portions de viande que
le cuistot maintient au chaud enveloppées dans du "papier sac de ciment".
Le poulet a dû fréquenter du poisson, il est légèrement iodé. La saumure,
cocktail de fumée d’échappement et de poussière soulevée par les voitures qui
rasent les grillades en passant, n’en atténue pas le goût boucané. Les patates
frites sont bonnes.
Bernard nous raconte ses cinq jours à
Boffa. Il a passé du temps à la base CMC et fait des visites à nos nombreuses
connaissances car le programme de Charente Maritime Coopération a été annulé. L’événement
de la semaine, c’était la pose par le président de la république, de la
première pierre du nouveau port de pêche. En cette période électorale, sa venue
ne semble pas anodine. Pour garder une position neutre, CMC a décidé de ne pas
assister à cette cérémonie où pourtant, l’association est partie prenante. Avec
l'équipe de la base, Bernard s’est contenté de regarder passer l’hélicoptère
présidentiel.
En rentrant, détour par le maquis-épicerie (café) de Roger Sagno, "sa petite école" comme il aime à dire. Les hommes, assis sur les bancs autour des tables basses dissimulées derrière une cloison de nattes tressées, semblent des élèves très assidus.
Le maquis de Roger |
C’est avec grand plaisir que nous retrouvons
Roger, le vice-président du Comité de jumelage de Boffa. L’homme est fort agréable,
sérieux, joyeux, parlant un bon français pour des échanges très intéressants. Il
est 23 h passées lorsque nous rejoignons l’hôtel. Grande nouveauté "ça
clim" dans toutes les chambres jusqu’à minuit, à l’extinction des feux.
Jeudi 27 février
Sortant d’un hiver pluvieux en France,
quoi de plus agréable qu’un petit déjeuner sur la terrasse du Niara Belly. A
8h30 le mercure atteint déjà 25°. Alcény a mis son grand tablier blanc pour
nous servir café, thé, Pain, beurre, confiture, bananes. La journée commence
bien. Sauf que Marie-Noëlle nous réclame
encore des liasses. Cette femme aime l’argent.
Nous avons rendez-vous chez Roger à
9h30 pour finaliser le programme ébauché avec Bernard.
La plupart des groupements sont
prévenus mais Roger téléphone pour confirmer notre venue et s’assurer que les
responsables seront présents. Quelques changements interviennent en particulier
pour l'Île de Dary qui passe de lundi à mercredi.
hôtel Niara Belly |
C’est une coutume, pique-nique à midi avec des fruits, des beignets et du pain achetés au marché que nous mangeons en plein-air où dans un maquis pour l’accompagner d’une boisson fraîche. C’est la première fois que nous sommes là fin février/début mars, il fait très chaud, beaucoup plus qu’en janvier. Après la sieste, une grande braderie s’improvise dans la chambre de Marie-Noëlle. Nous déballons les vêtements d’enfants collectés par la crèche Multi Accueil de St Jean de Liversay à l’occasion du 30ème anniversaire de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant en novembre 2019. Merci à sa directrice qui a organisé l'opération, à Priscilla qui a pensé à notre association, aux familles qui ont donné.
Le lien https://comite-jumelage-marans.blogspot.com/2019/12/dons-pour-les-enfants.html
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les dons du Multi Accueil de St Jean de Liversay |
Le magot placé en sécurité dans le coffre de CMC, circuit dans la ville. La petite église de pierres
rouges est la plus ancienne église catholique de Guinée. Un amphithéâtre d’une
capacité de plusieurs milliers de personnes a été construit en 2013 pour
accueillir les fidèles de toute la nation qui, depuis 1963, se rendent à Boffa
chaque année au mois de mai pour le grand pèlerinage. On comptait 25 000 pèlerins en 2019. Il était de coutume de
faire le trajet à pied, un peu moins maintenant mais certains s’imposent
toujours cette épreuve. Ils prennent la route le dimanche pour arriver le jeudi
à Boffa, berceau du christianisme, là où le premier missionnaire catholique entra
en Guinée en 1875. Dans ce pays à 87 % musulman, 9 % d’animistes et seulement 4
% de chrétiens, Boffa en mai, c’est la Mecque. Dieu merci, musulmans et
catholiques s’entendent bien. Pas d’intégrisme, très peu de femmes sont voilées,
surtout en basse guinée. C’est un peu différent dans le Fouta Djalon
historiquement musulman par la fondation de l’état peul musulman en 1725. Quant
à l’animisme, les 9% sont largement dépassés. En Afrique, il y a tellement de
problèmes à résoudre qu’un seul Dieu n’y suffirait pas. Invoquer les ancêtres,
la nature et les animaux n’est pas surérogatoire.
La piste conduit à l’école de la
mission. La cour est vide, les enfants sont partis mais sous l’apatam,
plusieurs femmes égrainent des grappes de palmistes pour faire l’huile rouge.
La directrice est là, elle nous fait entrer dans le salon. L’école se porte
bien, elle refuse des élèves tant il y a de demandes. Beaucoup de familles
musulmanes inscrivent leurs enfants à l’école catholique dont elles connaissent
le bon niveau d’enseignement. Nous donnons une poche de fourniture pour l’école
et des médicaments que Ninou nous a confiés pour le Monastère de Friguyagbé mais puisque nous n'irons pas cette année, elle sera contente que la mission de Boffa en profite. Nous reviendrons un matin pour voir les enfants. En
suivant la piste qui longe l’école et bien au-delà, les premières tombes se
distinguent dans l’abondante végétation. Tous les ans, nous rendons visite à
nos chers Léon et Marie qui reposent ici dans le petit cimetière catholique.

En prenant la rue du marché, halte chez
Léon ou plus exactement chez son fils Jean et Adama sa femme qui occupent les
lieux. Il dort, nous dit la petite fille qui frotte une marmite sous
l’appentis de la cuisine. D’une oreille seulement, car quelques minutes après,
il sort de la maison. Nous parlons du pays, de l’école qui est perturbée
pendant cette période d’élections où beaucoup d’enseignants n’assurent pas les
cours. Jean est professeur d’anglais mais en ce moment il est surtout le leader
à Boffa du mouvement du Front National pour la Défense de la Constitution. Cet
engagement fait peur à Adama qui, la semaine dernière a confié à Bernard, ses
craintes concernant son mari qu’elle trouve trop exposé aux réactions du
pouvoir. Il organise des manifestations à Boffa qui sont pour le moment
pacifiques malgré sa verve contre le président et ses sbires.
Une heure plus tard, c’est chez sa sœur
Odile que nous nous rendons par une piste gâtée prise à gauche au rond-point.
Elle est arrivée de Kamsar cet après-midi, une ville située à 120 km au nord où
elle occupe le poste de sous-préfète adjointe. Après le décès de Léon, elle a
voulu continuer à nous préparer les repas du soir comme elle le faisait chez
son père. Nous étions ravis de pouvoir nous retrouver avec Marie sa mère, dans
ce lieu où nous avions tellement de souvenirs heureux avec Léon, qui nous
manquait. Adama, que Jean avait fait venir pour s’occuper de Marie, aidait à la
cuisine. Ça, c’était la première année. Le décès de sa mère l’année suivante en
2014 et une mésentente avec ses frères a éloigné Odile de sa famille qui s’est
arrangée pour nous embarquer avec elle dans ce lieu isolé où elle a fait
construire un apatam-restaurant. De son côté, Jean a lui aussi fait des travaux
pour améliorer sa paillote et ouvrir un restaurant où nous aurions aimé
continuer nos repas du soir. Mais elle l’a devancé en nous faisant manger chez
une amie en attendant la fin de ses travaux. Odile est une fille formidable que
nous aimons beaucoup, elle est venue passer un mois chez nous avec son père,
c’est une amie de notre fille Pauline, elle est travailleuse, honnête,
charmante… et autoritaire. Personne de CMC ou du Comité n’a osé contrarier son
plan. Je lui ai dit que nous préférerions être en ville, que ce serait
tellement mieux avec la famille réunie, mais sa détermination l’emporte.
Le staff du Petit Versailles |
« Le Petit Versailles » baptisé
ainsi pour ses colonnettes, a été inauguré en 2017 par Jean-Marie et Bernard.
Tous les ans, nous voyons une évolution. Cette année, Odile a fait clôturer la
propriété avec des nattes. Mais le plus grand développement s’est opéré dans
l’environnement où beaucoup de maisons ont été construites dont une très belle
tout à côté. Je vous en parlerai plus tard.
Ce soir pour la mise en route, le repas
est simple mais le rituel "bouche à bouche" nous attend, dégusté avec
les kansis (arachides). Je crois que c’est François de l’hôtel
"Plein sud" à Conakry qui a baptisé ainsi le pastis additionné de jus
de gingembre.
Vendredi 28 février
Notre
programme est chargé aujourd’hui, nous présenterons nos condoléances à sa
famille demain. Direction la rue principale de Boffa.
Groupement ARTEG Informatique
Président Mr Mohamed Camara
L’établissement
propose des services payants : photocopies, frappe de documents, connexion
internet, etc…
Le
jeune homme qui travaille sur un ordinateur appelle Mr Camara au téléphone. Il
va arriver dit-il. Roger s’agace « je l’ai prévenu plusieurs fois, hier soir encore. Il devrait être là. »
Mais
il n’arrive pas. Le garçon ne trouve pas de bonnes raisons à son absence. Nous
patientons encore puis Roger tranche « Nous partons !» A son ton,
nous comprenons qu’il n’y aura pas de rattrapage. Il n’est pas très satisfait
de l’activité de ce groupement pour l’année 2019. Nous aurons la confirmation
quelques jours plus tard par Tatiana de CMC qui a voulu les faire travailler.
Elle dit qu’ils ne sont pas assez rigoureux dans leurs prestations, qu’elle a
attendu longtemps, qu’elle a dû revenir plusieurs fois pour ce qu’elle
demandait.
Pourtant,
ils sont bien équipés en ordinateurs, imprimante, plastifieuse. Avec la
subvention de 2018, un photocopieur couleur a été acheté et celle de l’année
passée était destinée à un panneau solaire pour économiser le carburant qui
fait tourner le groupe-électrogène dans la journée. Nous apercevons d’ailleurs
un petit panneau sur le toit. Sans doute pas suffisant pour l’ensemble du
matériel. Dommage ! il pouvait prétendre à une 3ème et dernière
subvention.
Sans
plus tarder, nous prenons la direction de Thia, à la sortie de Boffa vers Boké.
Groupement maraîcher Boffafé
Présidente Mme Safouratou Sylla
Groupement maraîcher Limaniya
Présidente Mme Yarie Bangoura
Les deux groupements se sont rassemblés
pour nous accueillir au village, sous les manguiers. Quelques femmes dansent au
son de la musique interrompue par la voix criarde du speaker qui annonce notre
venue. Elles nous entraînent dans le cercle dessiné par une rangée de chaises
où les notables du village sont assis. En face, les enfants se disputent une
place sur un banc. Nous entrons dans la ronde. Soulevant à peine les pieds, genoux
légèrement pliés, le corps imprime à chaque pas un infime balancement rythmé
par la musique. La posture dirigée vers le sol donne une impression de poids
sur les épaules. Une daba (houe) à la main, le bras s’agite d’avant en
arrière en mimant le travail de la terre. En même temps que la ronde
s’agrandit, le tempo accélère. Une griotte mène la revue à coups de
sifflets, puis se détachant du cercle, un flux d’énergie semblant la traverser,
ses bras voltigent, ses pieds tapent le sol de plus en plus vite, stimulée par
les cris et les rires des femmes tout autour. Transcendée par les frappes
toujours plus rapides du djembé dont on ne sait qui, de la danseuse ou de
l’instrument, impriment le tempo, la croupe et les hanches ondulent dans une
posture de séduction qui galvanise la foule. Comme nous tous la première fois,
Christine est subjuguée. Je dois dire que vingt-sept ans après, je le suis
toujours. Autour de nous, des cases, des tissus chatoyants, la musique, la
danse, la chaleur, la gaieté, les manguiers, les palmiers ; qui y
résisterait ?
La danse occupe une place fondamentale
dans la vie sociale des africains. C’est un mode d’expression pour de multiples
raisons. Elle est prière, thérapie, accueil, séduction, divertissement. Elle
fait la pluie et le beau temps. Tout leur univers est imprégné de danse. Que
nous y participions leur fait plaisir et les amuse aussi.
On nous invite à nous asseoir. Roger
prend la parole pour présenter la délégation en précisant qui est déjà venu…
souvent, un peu ou pas du tout. A partir de ce moment, Christine devient
"la nouvelle" à chaque visite, pour chaque groupement.
Les deux présidentes énumèrent leurs
acquisitions en soussou, que Roger nous traduit. Au cours de l’année 2019, elles
ont acheté du matériel et des semences. Le solde a payé des ouvriers pour
défricher une nouvelle parcelle. Le mieux est d’aller voir sur place.
A la queue leu leu, nous prenons un sentier
tracé dans les broussailles. Les enfants nous précèdent en frappant des
couvercles de marmites en guise de cymbales. Le soleil déjà haut nous agresse
d’un coup. Nous parcourons presque un kilomètre avant de ressentir une agréable
fraîcheur à l’approche du bas-fond Limaniya. Derrière un rideau de palmiers
et de bananiers, de petits rectangles verts s’étendent jusqu’à la lisière de la
brousse. Chaque planche est travaillée en billons, entourée de tranchées pour
l’irrigation en saison sèche et le drainage pendant l’hivernage. Des jeunes
filles puisent l’eau dans plusieurs grands trous avec la traditionnelle cuvette
et maintenant les arrosoirs récemment achetés. Certaines années, l’eau manque
avant l’arrivée des pluies fin juin.
Madame Sylla nous montre une partie qui vient d’être replantée après le passage d’un troupeau de bœufs qui a tout saccagé. Aubergines, tomates, soucoulis (aubergine blanche amère) étaient à maturité, c’est une perte pour le groupement. Les conflits entre les soussous agriculteurs et les peuls éleveurs durent depuis la nuit des temps. Sans aucune barrière, les animaux errent au gré de leur appétit. Pendant la transhumance, des enfants sont chargés de surveiller les terrains même la nuit, pour les chasser.
![]() |
Manioc - Piment |



Retour au village où un présent nous attend : une cuvette de fruits et légumes que nous partagerons entre Odile et Roger. Nous gardons fruits, tomates et concombres pour midi. Nos poches de cadeaux sont à peine remises aux trois président(e)s que les femmes s'approchent pour la distribution. Recevant toujours quelque chose lors de nos visites, nous avons commencé à apporter nous aussi des présents pour remercier.
Il
est tard lorsque nous arrivons au marché pour faire les courses. La journée
ville morte demandée par le FNDC semble peu suivie au marché, un peu plus dans
la grande rue où pas une échoppe n’est ouverte pour acheter un pack d’eau. Harassés
par la chaleur, déjeuner dans le maquis de Roger avec une boisson fraîche.
Retrouvailles avec Rosalie sa femme qui était au marché hier lorsque nous avons
fait le programme. Le rideau rose vaporeux du maquis se soulève, une femme
entre et s’esclaffe en voyant les fotés (blancs). Ses yeux trop
brillants, sa voix gouailleuse un peu provocante, sa démarche hésitante ne
trompent pas. Et pourtant l’alcool a épargné son beau visage et son élégance,
depuis 20 ans qu’elle fréquente les maquis. Pour nous c’est une revenante, elle
n’était plus à Boffa ces dernières années. Elle s’installe à notre table. Bernard jouant
les redresseurs de torts ne veut pas lui offrir sa bière Son sourire est
sympathique, on a envie de lui faire plaisir. Que nous payions ou pas, Roger
lui ressert une bière. Alors !!
Déjeuner au maquis |
Groupement maraîcher Waliyétébé de Torodoya
Présidente Mme Kadiatou Bah
Groupement maraîcher Mönéba
Présidente Mme Aïssata Cissé
Président Mr Mohamed Drami
Les trois nous reçoivent ensemble. Ils sont dans le même secteur à 5 km de Boffa sur la route de Conakry, en prenant le sentier à gauche un peu avant le pont de la Fatala. Djembé et tambour-bidon jaune pour nous accueillir devant la maison du chef de village de Torodoya. C’est mieux que la sono. Comme il se doit, on nous entraîne dans la danse.
Roger stoppe les festivités pour en
venir aux choses sérieuses. Les maraîchages sont un peu loin, nous reprenons le
véhicule sur une piste de plus en plus étroite et sablonneuse, au milieu de hautes
herbes jaune paille qui s’écartent sur notre passage en nous fouettant le
visage lorsque nous nous penchons un peu trop à la vitre de la portière. Les
derniers 300 mètres se font à pied.
Du matériel a été acheté : Dabas, pelles, coupe-coupe, seaux, arrosoirs… Le projet est de continuer l’irrigation sur tout le terrain.

C’est
la première fois que nous rencontrons ce groupement. Mme Cissé remet la liste
des 15 membres. Nous avons déjà l’agrément car le document avait été transmis
avec leur demande l’année passée. Elle explique qu’un feu de brousse a ravagé
une partie des cultures placée trop près de la savane avec un pare-feu
inefficace. Du matériel entreposé à proximité a brûlé. Il faut le réaménager et racheter arrosoirs et dabas. Il reste encore une belle parcelle avec du
manioc, piment, patate douce, santoui l’oseille de Guinée pour faire le
bissap, quelques pieds de taro et cette plante à fleurs violettes qui ressemble
à du grand trèfle dont j’ai oublié le nom. A chaque question la concernant, toutes
les femmes donnent la même réponse « a fan ! a gnakhun ! »
(C’est bon, c’est doux). Ajoutée à la viande, elle l’attendrit et la cuit plus
vite, c’est un peu comme du bicarbonate nous dit Roger.
Après le réaménagement de la partie
détruite, le groupement veut faire défricher une parcelle supplémentaire. La
subvention paiera les ouvriers pour le faire et les semences pour mettre en
culture.
Le groupement GM Drami, nous le connaissons. Depuis 3 ans, nous avons pu apprécier le sérieux de son président.
Cette année, ils n’ont cultivé que du piment, c’est ce qui rapporte le plus en
ce moment dit-il. Avec l’argent de l’année dernière, ils ont fait une grande
acquisition, une motopompe payée 1,625 million de FG (160 €). Leur chance est d’avoir
un fossé suffisamment grand où l’eau courre. D’autres maraîchers l’avaient
envisagé mais leur trou d’eau ne donnerait pas assez de débit. A partir du
moment où l’arrosage était plus aisé, le groupement pouvait envisager
d’agrandir : 1,540 million dépensé pour le débroussaillage, la coupe des
arbustes, le labour + 20 sacs de fumiers à 25 000 FG l’unité.
Depuis 10 ans, nous avons vu le maraîchage
se développer à Boffa. Un article de l’agrément préfectoral des groupements
stipule « les objectifs spécifiques sont de promouvoir l’agriculture, la
pêche et les cultures maraîchères » … afin d’atteindre
l’autosuffisance alimentaire, ajoutait Mr Bérété.
Il est 19h lorsque nous entrons
« Au petit Versailles-chez Didile ». Une banderole est
suspendue à l’entrée du restaurant de Mme Odile. Dans la nuit, nous n’avons pas
remarqué le panneau qu’elle a planté à l’embranchement de la piste pour
indiquer l’établissement. Elle repart demain dans sa
sous-préfecture de Kamsar pour l’organisation des élections prévues dimanche.
De retour en ville, nous faisons un
crochet par le maquis de Roger. Bière fraîche pour tout le monde ?
Non ! Marie-Noëlle et moi n’aimons pas la bière, alors ce sera "un
jus". Tous les sodas sont appelés jus en Guinée. Roger nous installe une
table à l’extérieur. La transition est étourdissante. Nous
passons du calme isolement de chez Odile à la bruyante rue principale. Motos et
voitures sont incommodantes mais le va et vient des promeneurs nocturnes, ceux
qui s’arrêtent acheter une topette de cracra ou une cigarette, les petites
échoppes éclairées d’une faible ampoule ou d’autres soulignées par des
guirlandes lumineuses qui brillent de mille feux, la tiédeur du soir pour finir
une journée harassante de chaleur, c’est l’Afrique qui vit, celle qu’on aime.
La nuit est perturbée par un visiteur.
Un bruit indistinct me réveille, peut-être un grattement de bois, ou du
grignotage. Puis plus rien, jusqu’à ce que la bête se prenne les pattes dans
une poche en plastique ce qui nous réveille complètement. Bernard pense que
c’est le rat qui lui a rendu visite la semaine dernière. Branle-bas de combat
pour le chasser, il est introuvable. Je ferme soigneusement les sacs et les
poches et à peine rendormis, ça recommence. Nous essayons de le localiser avec
la lampe de poche en tapant des pieds pour le faire fuir. Ce qu’il a fait ;
car nous ne l’entendrons plus. C’est chez Christine qu’il s’est réfugié pour le
reste de la nuit. Elle nous raconte sa chasse au rat au petit-déjeuner.
Samedi 29 février
Journée libre. Aller au marché est
toujours un plaisir. Les couleurs, les odeurs, l’animation, la rencontre avec
ses femmes qui font battre le cœur de la ville par les échanges de marchandises
qui leur permet de nourrir leur famille. De-ci de-là, on nous hèle, on nous
adresse les salutations wo mama, ta na mouri, wo nuséné (bonjour à vous,
ça va ce matin, bonne arrivée).
Le marché de Boffa |
Il nous faut banani, léfouré
(oranges pelées), malé gateaux (beignets de farine de riz ou de manioc), kansis
(arachides), tami (pain).

![]() |
Port négrier de Dominghia |
Le jour baisse, la visite à l’ancien
maire de Boffa, Sény Camara, sera brève. Dominghia est un grand verger
tropical. Autour des cases et des maisons en banco se dressent des arbres à
pain, des corossols, des orangers, citronniers, pamplemoussiers, bananiers,
cocotiers, papayers, manguiers et les spectaculaire calebassiers aux fruits
plus gros que des ballons de foot. Seny nous fait servir des noix de coco pour
nous désaltérer et nous repartons avec des pamplemousses. Sur le chemin du
retour, il est trop tard pour voir le soleil disparaître mais le crépuscule
diffuse une lumière rouge sur la mangrove. Étrange atmosphère... mystérieuse ! Dans la pénombre,
nous traversons les ponceaux avec précaution. Il fait complètement nuit lorsque
nous entrons dans Boffa.
![]() |
Dominghia |
Pas d’Odile au Petit Versailles, elle est repartie à Kamsar pour les élections de demain. Dans la journée, nous avons appris qu’elles étaient reportées au 15 mars. Devant le durcissement des manifestations, la pression internationale dont la France et les Etats Unis, le retrait de l'Union Africaine et de la Cédeao qui demandent un nettoyage du fichier électoral, le président a annoncé un report de deux semaines.
A Boffa la vie continue. Retour à la
chambre bercés par la musique d’une fête dans le quartier.
Dimanche 1er mars
Messe à 9h. Nous avons coutume d’y
aller mais chacun fait ce qu’il veut. Nous rencontrons Madeleine de CMC qui
accompagne une vingtaine de jeunes gens, garçons et filles catéchumènes aspirants
à être baptisés pour Pâques. A l’appel de leur nom, il dépose un papier dans
l’urne pour affirmer leur volonté de conversion. Presque tous sont musulmans.
La messe est en plein air, sous l’amphithéâtre. C’est grandiose mais les chants
sont moins vibrants que dans l’église.

L’homélie du prêtre sénégalais est un véritable sermon. Mais un sermon comme celui-là, on en redemande. « Un jour, un maître remet des grains de maïs à ses huit élèves en leur disant : celui qui aura la plus belle plante sera le roi. La semaine prochaine, vous apporterez vos pots et nous verrons ensemble si le maïs a commencé à pousser.
Le petit Amadou met de la bonne terre, la graine à la bonne profondeur, l’arrose comme il faut, mais la plante ne se développe pas. Une semaine plus tard, il voit ses camarades arriver à l’école avec des pots où déjà une tige est sortie de terre, et lui, rien. Le maître félicite les autres élèves et encourage Amadou en lui expliquant comment la faire pousser. La semaine suivante, il fait exactement ce que le maître a dit, et toujours rien. Il est désolé de voir les graines des autres devenues des plantes. Une compétition s’est instaurée entre eux. Lorsque le fils de l’éleveur a le plus beau pied de maïs, la semaine suivante c’est celui de la fille du commerçant qui a pris beaucoup de volume. Le fils du ministre qui ne veut pas être en reste, arrive un jour avec un pied extraordinaire. C’est peut-être parce que je suis pauvre se dit Amadou, alors il abandonne. Le jour du couronnement, le maître dit : vous avez tous de belles plantes mais c’est Amadou que je nomme roi, car il n’a pas triché. Les graines étaient bouillies. »
L’assistance est tellement attentive
qu’il continue pour notre plus grand plaisir.
« Un jour, un prêtre rend visite à
un couple dans un village hors de sa paroisse. La femme l’invite à déjeuner. Ils parlent des nouvelles du pays, de la religion et
d’autres sujets fort intéressants. Le couple met
en exergue sa pratique de la religion, ses prières quotidiennes, la femme dit qu’elle va à la
messe tous les matins. Tout en parlant le prêtre a remarqué un billet posé
négligemment sur la table. Le repas était délicieux, il les quitte en les
remerciant chaleureusement. Lorsqu’elle range la table, la femme s’aperçoit que
le billet n’est plus là. Elle n’ose accuser le prêtre mais tout de même, il n’a
pas pu disparaître tout seul. Les discussions s’animent entre elle et son mari,
qui lui, ne veut pas y croire. Ils racontent le fait à leurs voisins et à leurs amis. Tout le monde a un avis, qui diffère. Le mari qui ne peut
imaginer un prêtre voleur demande à sa femme de chercher encore. En vain !
Pour en avoir la certitude, je vais le réinviter, lui dit-elle. Le dimanche
suivant, le prêtre est à nouveau à leur table. Le mari a prévenu, il ne
demanderait rien. Mais la femme veut récupérer son billet. Elle essaie de
rester courtoise mais finit par l’accuser. Le prêtre lui répond « je ne
l’ai pas pris, je l’ai mis dans votre bible. Vous ne l’avez pas ouverte pendant
tout ce temps ? »
J’ai fait court car les dialogues entre le couple ont été beaucoup plus longs. Tous les prêtres africains sont de bons conteurs. Dans ce pays de culture orale, cette analogie du conte à la morale est fort usitée par les ecclésiastiques… qui parfois se laissent entraîner dans des considérations peu habituelles. Je me souviens d’une messe de Noël où le père Armand, un togolais, avait raconté le mystère de la Nativité. Les dialogues entre Marie qui affirmait ne pas avoir fauté et Joseph qui voulait bien la croire mais ne comprenait pas que son ventre s’arrondisse étaient désopilants. « Tu man-ges trrop ! Tu grro-ssis ! » Éclats de rire et applaudissements dans l’église lorsque Joseph à bout d’arguments dit à Marie « mais ton ventre enfle, n’y aurait-il pas un fibrome là-dedans ! » Et Marie de répondre « C’est l’ange Gabriel, il est venu dans mon ventre et il a mis l’enfant ». Joseph, qui était la risée des hommes qui ne comprenaient pas qu’il ne l’ait pas chassée, quitta Nazareth avec Marie sur son âne pour se rendre à Bethléhem en Judée, là où naquit Jésus. « Mon frère, ma sœur, il faut donner sa confiance. Si quelqu’un te dit : J’ai vu ça ou j’ai entendu ça, il faut le croire, même si toi tu ne l’as pas vu »
A la sortie de la messe, Bernard nous
quitte. Il veut trouver un mécanicien pour réparer la vitre avant gauche qui ne
fonctionne plus. Nous avons le temps de saluer nos connaissances et les deux
prêtres. Le "conteur" nous explique qu’il a exercé en France dans plusieurs
paroisses dont celle de Fontenay le comte pendant huit mois. Le deuxième prêtre
qui est polonais, nous invite à prendre un rafraîchissement dans son salon avec
Sœur Renée que nous trouvons en meilleure santé que l’année passée. Elle a
exercé son métier d’institutrice 30 ans en Afrique. Nous la voyons depuis une
dizaine d’années à la mission catholique où elle a enseigné jusqu’en 2017.
Nous sommes invités à déjeuner chez Roger et Rose. La table n’est pas assez grande pour contenir l’assortiment de mets : tomates et concombres, omelette, bananes plantains, poulet rôti sauce oignons, frites, petits haricots noirs, patates frites. Tout est très bon mais nous sommes un peu déçus lorsque Roger nous dit que c’est le coq que nous avions rapporté de Yenguissa l’année dernière. Il était si beau ! En un an il a fait divers croisements avec ses poules, il a donc estimé qu’il était bon pour la casserole... la marmite.
Cadeaux en remerciements : un collier
pour madame, une montre pour monsieur, vêtements et jeux pour la fille et ses
amis.
Dans l’après-midi, nous rendons visite à Mr Bérété qui a une nouvelle activité, une unité de production de sachets d’eau minérale. Il emploie 15 personnes. La présence des chinois à Tamita, bourgade dont il est sous-préfet, ne serait pas étrangère à ses investissements. Il le confie lui-même.

Lundi 2 mars
Visite des marais
salants de Ténéplan. C’est Abdoulaye qui doit nous y conduire. Le
rendez-vous fixé devant la mairie de Douprou est raté. Il nous attendait au
carrefour. Pendant une vingtaine de minutes nous patientons en bavardant avec
le secrétaire général de la mairie. Pour Geneviève et Christine c’est
l’occasion de prendre en photo les maisons en banco coiffées d’un chapeau de
paille. Sous les cocotiers et les manguiers, les femmes ont commencé le repas
qui mijote dans la marmite. Au moment de partir, Geneviève a disparu, entraînée
au fond du village par toujours plus de clichés à ne pas manquer, dans cet
écrin de verdure.
![]() |
Douprou |
La marche est assez longue jusqu’au
marais. Plus nous avançons, plus le poto poto colle aux semelles.
Christine enlève ses tongs, c’est mieux pieds nus. Geneviève attendra d’arriver
au bord du fossé qui ceinture le marais pour extraire de ses sandales, 3 cm de
boue à l’extérieur et autant à l’intérieur. Plusieurs sauniers travaillent, le
sel s’amoncelle en tas au bord des rectangles où l’on voit l’eau cristalliser.
![]() |
Marais salants et méthode traditionnelle |
Nous croisons le champion des sauniers.
Kaba produit 1 tonne de sel par bassin là où les autres en font la moitié
seulement. L’année passée, il a récolté 45 tonnes.
La chaleur devient accablante dans le
sentier tracé au milieu de la mangrove. Penser au bain de mer qui nous attend
cet après-midi nous donne le courage de continuer.
Avec toutes ces nouvelles constructions sur la côte, nous ratons l’entrée de la plage de Sobané.
Pique-nique sous l’arbre, baignades,
marche sur la plage à la chasse aux coquillages. Christine repartira avec une
belle collection dans sa valise dont plusieurs escargots de mer d’au moins 30
cm. La plage est préservée, pas un déchet sur le sable dans cette anse déserte.
Des jeunes filles marchent vers nous, une cuvette de linge posée sur leur tête. Leurs silhouettes se découpent à contre-jour. Majestueux !
Des jeunes filles marchent vers nous, une cuvette de linge posée sur leur tête. Leurs silhouettes se découpent à contre-jour. Majestueux !
![]() |
plage de Sobané |
![]() |
Bongolon |
D’un monticule de filets vaporeux,
blancs comme le voile d’une mariée, émerge la tête de pêcheurs qui ravaudent en s'interpellant d’une voix forte. Ils font signe qu’ils ne veulent pas de photos.
Nous les prendrons de plus loin, au zoom. Sortis de ce brouhaha, le calme est
assourdissant sur la plage où les longues pirogues, échouées sur le sable,
attendent la prochaine marée. Les enfants qui nous ont suivis posent pour la
photo en se bousculant.
Seulement trois fumeuses sous le hangar
surchauffé par le soleil sur les tôles et les brasiers ardents à l’intérieur.
Du bout des doigts, elles retournent les poissons posés sur le grillage et
alimentent le feu en-dessous. La sueur perle sur leur visage. Accrochée au dos
de sa mère, une petite fille tousse. Une autre, posée sur une table, dort dans
un pagne. Tous les jours, elles peuvent passer plusieurs heures dans cette
atmosphère enfumée ; leurs mamans les gardent près d’elle pour la tétée. Dehors,
alignées sur des clayettes en branchage, de grosses raies pétrifiées par le sel
sèchent au soleil. Ça pue !
Les familles de pêcheurs habitent dans
des paillotes faites de feuilles de palmier tressées et de tôles, bâties sur
le sable, bien différentes des cases ou des maisons en banco des autres
villages. Il y règne un environnement insalubre.
Sur la piste du retour, le chauffeur
n’aura pas à se plaindre du bavardage dans l’habitacle qui lui casse les
oreilles parfois, chacune dort dans son coin, assommée par l’air de la mer.
Le bouche à bouche chez Odile nous réveille complètement. La journée sera aquatique, elle nous a préparé du poisson braisé.
Mardi 3 mars
Achat de tissus au marché. Marie-Noëlle
et moi sommes chargées de rapporter un boubou à Claudine ; dans les tons
orange a-t-elle précisé. Ici pas de magasin de confection, que du sur mesure.
Geneviève a envie d’une jupe et de draps, Christine aimerait un pantalon et deux
robes, Marie-Noëlle trouve trois pagnes pour faire une grande nappe. Moi, j’ai
ce qu’il me faut, une pile de tissus à la maison pas encore confectionnée.
Puis nous partons en villégiature avec
fruits et pain pour le déjeuner.
Nous aurions aimé programmer quelques jours d'excursion à l'extérieur de la préfecture, mais vu les circonstances, nous n'irons pas au pays baga, là où les masques sortent le soir pour nous faire vivre les coutumes et rituels des ethnies du Bagataï. Bien que ce déplacement ne nous aurait sans doute pas posé de problèmes. Nous nous contenterons de quelques journées libres pour faire découvrir les sites intéressants autour de Boffa.
Nous aurions aimé programmer quelques jours d'excursion à l'extérieur de la préfecture, mais vu les circonstances, nous n'irons pas au pays baga, là où les masques sortent le soir pour nous faire vivre les coutumes et rituels des ethnies du Bagataï. Bien que ce déplacement ne nous aurait sans doute pas posé de problèmes. Nous nous contenterons de quelques journées libres pour faire découvrir les sites intéressants autour de Boffa.
![]() |
pique-nique et sieste à Sireya |
un calebassier |
70 Km de goudron et 7 km de piste pour
une visite aux Grottes de Sireya. Au carrefour de Tanéné, prendre à
gauche la route de Fria et à mi-chemin dans la bourgade de Tormelin, tourner
après la mosquée et choisir l’embranchement à droite pour la piste de Sireya.
C’est simple. Première halte pour photographier de drôles de menhirs et des
chaos de rochers érodés qui se dressent dans la nature en véritable œuvre
d’art.
Lorsque des fotés entrent au village, le guide sort de sa maison. Il sait pourquoi ils sont là. Le soleil est au zénith, il est préférable de s’installer sous les arbres pour déjeuner avant la visite avec Ousman Awa Camara. Il prend la tête de la colonne, muni de son coupe-coupe pour dégager les herbes et les broussailles sur le chemin car les visiteurs sont rares.
L’apparition soudaine de la bouche béante est stupéfiante. A l'entrée de la cavité, des piliers pattes d’éléphant ont été façonnés par l’érosion. Nous déambulons entre ces colonnes pour nous engouffrer dans le noir sous des arches rocheuses. Éclairés par une torche, le guide nous entraîne dans un dédale de passages étroits jusqu’à une rivière souterraine. Lorsque la lumière fuse par un orifice, il faut se couler dans la brèche pour redescendre à nouveau sous terre. L’endroit est insolite.

A la sortie, un souffle chaud nous étourdit. Halte devant les petites voitures, faites d’un assemblage de bûchettes chevillées, qui sont en exposition au bord de la route. Très beau travail. Cette année, il y a même un hélicoptère. Geneviève et Christine en achète pour leurs petits-enfants. Un rafraîchissement « chez Pauline » à Tanéné est le bienvenu.
Retour à Boffa. Pas facile de se
tourner dans le minuscule atelier de couture de Mabinti pour qu’elle prenne les
mesures de ces dames.
Au Petit Versailles, Odile est triste
ce soir, elle a deux décès dans sa famille, un oncle de son mari qui était
comme son papa Léon nous dit-elle et une tante d’une autre lignée. Elle
retourne demain à Kamsar.
En chemin vers l’hôtel, un attroupement
attire notre attention. Sur l’esplanade, une musique entraînante lancée par un disc jockeys anime une soirée dansante. Stop ! pour voir ce qui se fête.
Avant que nous n’atteignions la piste, Christine l’aide-soignante vient au
secours d’une jeune-fille qui s’affale devant nous sur la pierre de latérite.
Son amie, qui courrait avec elle, se carapate aussitôt. Elle reste KO sur le
sol. Un garçon la relève sans ménagement sous les protestations de Christine
qui la soutient et l’aide à faire quelques pas. Elle semble avoir très mal sur
le côté, peut-être des côtes cassées ? Un adulte la prend en main. Nous
rejoignons les badauds qui admirent les exhibitions de trois femmes. C’est un
mix de danses traditionnelles et modernes. Le speaker vient nous chercher pour
entrer sur la piste. Nous hésitons devant tous ces spectateurs. Et pourtant les
jambes nous démangent. Puisque le ridicule ne tue pas, allons-y ! Ovation
lorsque les quatre fotées commencent à se trémousser. La piste vide se
remplit de danseurs venus nous soutenir. Ils sont contents… nous aussi. C’est
une association de femmes qui organise une fête tous les débuts de mois. Deux
jours plus tard, ce sera une association de jeunes filles. Ces soirées sont
organisées dans le cadre de la grande fête internationale des droits des femmes
le 8 mars. Nous serons partis, dommage.
Excellente nuit après l’exercice. Mercredi 4 mars
Dari ! Les pêcheurs et les
fumeuses de poissons de l’île de Dary se sont portés candidats pour une aide.
Rendez-vous à la base CMC à 10h30 pour
profiter de la pirogue que les responsables hydrauliques Oumar et Alphonse ont
retenue. Nous faisons connaissance avec Xavier le nouveau coordinateur,
Thimoté terminant sa mission la semaine prochaine. Il faut attendre Jobé qui apporte du chlore de Conakry pour l’impluvium de Dary. Il arrive à midi sans chlore. Départ pour le port de Walia. Le trajet se fait rapidement, la piste a été élargie, rénovée
depuis l’an passé et une voie est en construction dans la mangrove sur le site
du nouveau port. Les sociétés minières sont tenues de réduire l’isolement des
villages en construisant des routes de desserte et de soutenir l’accès aux services
de base en rénovant des centres de santé, en bâtissant des écoles.

Lorsque le balafon et les djembés s’apaisent, nous prenons place sous les manguiers où le président Mr Kadil Sylla, entouré des autorités, nous reçoit. Oumar fait les présentations en particulier de Xavier qui vient d’arriver, puis Bernard explique la différence entre Charente Maritime Coopération qu’ils connaissent puisque l’impluvium est une réalisation de CMC et le comité de jumelage de Marans qui est là aujourd’hui pour étudier la demande d’aide faite par leurs groupements. Il énonce les modalités, le renouvellement pendant 3 années maximum si les résultats sont probants, explique que les fonds récoltés sont le fruit du travail de notre association de bénévoles qui organise des fêtes et diverses animations, qui reçoit des dons. Il souligne que les frais de voyage et de séjour sont payés par chaque membre de la délégation pour ne pas grever le budget qui est alloué. La réunion avec les pêcheurs et les fumeuses se tiendra après le déjeuner.
Les femmes ont préparé des beignets d'huîtres et du riz sauce poulet. C’est très bon. Les beignets ne font pas recette, plus par crainte que pour leur goût.
L’impluvium, cette grosse baudruche de
stockage d’eau de pluie de 40 000 litres, réalisation initiée par CMC, a
changé la vie des insulaires qui n’avaient pas d’eau potable. Elle était
transportée en pirogue dans des bidons.
Le nom des groupements est exquis.
Dary - Groupement des pêcheurs
« La Alara » qui signifie "confiance en Dieu "
Président Mr Kalil Sylla
Dary - Groupement du fumage de poisson
« Digné Gnöhoun » qui signifie "patientez"
Président Mr Aboubakar Camara
C’est
logique. Il faut d'abord la confiance pour une pêche miraculeuse sinon le fumage doit
attendre.
Les hommes vont à la pêche,
les femmes fument le poisson qui est embarqué dans de grands paniers pour le
port de Walia à destination de Guéméyiéré, de Conakry et du carrefour
commercial de Tanéné pour être vendu. Une pirogue et un moteur sont gâtés. Notre
aide viendrait en complément du projet de Développement Durable de la Pêche
artisanale à laquelle CMC collabore.
![]() ![]() |
Roger et les fumeuses de poisson fumoir familial |
Nous allons voir les petits
fumoirs disséminés dans le village. Faits de grillage soutenu par des
perches, ils sont grands consommateurs de bois. L'idée serait de les ceinturer de
briques afin que les brasiers se consument moins vite. Dans l’île de Sakama, le
CJ a déjà octroyé des fonds pour cette transformation en fumoirs dit améliorés.
C’est efficace. Roger va suivre le projet.

Retour à notre pirogue entourés d’enfants et de femmes qui ont des ballots de marchandise à faire parvenir à Walia. L'une d'entre elles va embarquer avec nous. Les piroguiers nous font attendre. Christine en profite pour se baigner entre les pirogues amarrées, sous l’œil amusé de nos accompagnateurs. "La nouvelle" aura laissé des souvenirs dans la préfecture de Boffa.
Ce matin, nous avons sauté dans l’eau, là il faut sauter dans la pirogue, c’est beaucoup moins facile. Mais que cette traversée est agréable ! Un couple de pélicans nous escorte. Un mètre au-dessus des flots, ils sortent le train d’atterrissage, laissant glisser sur l’eau leurs deux pattes en avant pour freiner leur corps lourd, puis pédalant sur l'onde, reprennent leur envol lorsque nous arrivons près d’eux. Je les imagine devant les barges de bauxite qui croiseront ici dans quelques mois. Je vois aussi la petite pirogue du pêcheur qui lance son filet, secouée dans les remous.
Christine
toque à la porte, nous avons de la visite. Kadiatou et son fils Bouba nous
attendent sur la terrasse du Niara Belly.
Bouba
a 20 ans ; dire que nous avons connu sa maman enceinte. Sa scolarité se
passe bien. Kadiatou, institutrice à l’école franco-arabe ne travaille pas en
ce moment comme la plupart des enseignants. Nous remettons du matériel scolaire
à la maman, des vêtements et un ballon de foot pour Bouba.
Kadiatou
envoie le bonjour à son amie Samantha.
Jeudi 5 mars
Au petit déjeuner, notre officier
payeur nous réclame encore de l’argent. Puis direction Kissing et Walia.
GMW Kissing maraîchage (rattaché à Walia centre)
Président Mr Moussa Camara
GMW Walia centre Fumage de poisson
Mouna Fanyi
Président Mr Zakaria Bangoura
GWC Walia Assainissement
Présidente Mme Mabinti Sylla
Beaucoup de chaises vides à notre
arrivée mais balafon et djembés sont déjà à l’œuvre à l’entrée de Walia. Petit
à petit femmes et enfants sortent du village pendant que les hommes continuent
à apporter des chaises. Quelques femmes assurent l’animation. Elles sont
affublées de grandes vestes et pantalons d’homme, l’une d’elle a un bonnet de
laine enfoncé jusqu’aux yeux. Il fait 30° à l’ombre. Le groupement pour
l’assainissement nous entraîne dans la danse de la balayette… en paille de riz, qu’elles brandissent comme une arme. Le rassemblement enfle à chaque minute.
Les fotés sont invités à s’asseoir. Une belle jeune-fille sort du groupe
et s’avance en dansant vers nous pour présenter la traditionnelle calebasse de
bienvenue (riz et noix de kolas) et dans l’autre main elle tient une offrande,
un coq qu’elle dépose dans les bras de Christine, la kola revient à Bernard.
"La nouvelle" est interloquée, embarrassée puis enchantée. Le coq
foté (il est blanc) ne pouvait pas mieux tomber, elle va le porter comme un
bébé toute la matinée.
![]() |
la présidente des femmes |
Un jeune homme présente les présidents
et secrétaires des trois groupements ainsi que les autorités du village. Puis
une femme prend le micro et s’adresse à l’assemblée en langue soussou. Pendant
dix minutes nous sommes hors circuit. Je demande à Roger de traduire « ça
ne concerne pas le comité de jumelage » répond-il. Elle profite de la
présence des autorités villageoises et du rassemblement de la population pour divulguer
des informations, formuler des revendications. Le micro passe à une vieille
femme, conseillère et présidente des femmes. Puis les présidents de groupements
ont la parole.

![]() |
Danse avec le coq |
Le maraîchage existe depuis 3 ans. Une
partie a été saccagée par les bœufs malgré la surveillance, le groupement
voudrait acheter du grillage pour le faire clôturer. L'irrigation a besoin d'être améliorer.
Madame Mabinti Sylla parle au nom des
fumeuses de poissons.
Roger interroge les unes et les autres sur
les prix de ventes, leurs gains. Les légumes se vendent bien ici à Walia qui a un
grand marché. Les femmes se partagent la tâche. Le poisson fumé part à Conakry.
Roger a cette métaphore pour souligner la solidarité des groupements « un
seul doigt ne peut pas prendre une fourmi, il en faut au moins deux ». Là,
ils sont trois.
Pour l’assainissement, il leur faut des pelles,
balais, râteaux, poubelles. Tout cela est répertorié. Nous conseillons à Roger
de faire de la sensibilisation dans les écoles pour apprendre aux enfants à
jeter dans les poubelles, comme cela avait été fait à Yenguissa.
Marie-Noëlle et Geneviève sont à
nouveau sollicitées sur la piste, rejointes par Christine qui nous fait
"Danse avec le coq".
Puis nous nous déplaçons au marais, grand et bien fait. La partie piétinée n’est pas tout à fait replantée. Il y a suffisamment d’eau pour des travaux d’irrigation. Il est ceinturé de fossés que l’on franchit sur des perches. Le premier se passe bien en prenant appui sur un bâton que l’on plante dans l’eau. Le deuxième se traverse en équilibre sur deux perches décalées. Marie-Noëlle joue les funambules, un jeune homme vient au secours de Geneviève, Christine contrebalance comme elle le peut, se rattrape, pour finalement s’affaler au bord du fossé… sans lâcher le coq qu’elle serre sur son cœur. Roger est désolé « J’aurais dû rester auprès de la nouvelle pour l’aider ».
Puis nous nous déplaçons au marais, grand et bien fait. La partie piétinée n’est pas tout à fait replantée. Il y a suffisamment d’eau pour des travaux d’irrigation. Il est ceinturé de fossés que l’on franchit sur des perches. Le premier se passe bien en prenant appui sur un bâton que l’on plante dans l’eau. Le deuxième se traverse en équilibre sur deux perches décalées. Marie-Noëlle joue les funambules, un jeune homme vient au secours de Geneviève, Christine contrebalance comme elle le peut, se rattrape, pour finalement s’affaler au bord du fossé… sans lâcher le coq qu’elle serre sur son cœur. Roger est désolé « J’aurais dû rester auprès de la nouvelle pour l’aider ».
Dans la cuvette de concombres,
pastèques, oranges pelées, arachides, il y a deux papayes que nous dégusterons
au déjeuner. Marie-Noëlle qui assurait ne pas aimer la papaye, ne le dira plus.
Pas trop mures et arrosées de citron vert, elle les trouvera délicieuses.
Il est presque midi, nous avons encore
un groupement à voir : les fabricants de nattes à Nafaya.
Personne à l’entrée, Roger appelle dans
une maison, puis dans une autre pendant que nous l’attendons à l’ombre. Pas de
réponse. Village mort. Pas tout à fait… un homme se présente suivi de sa femme.
Eux ne sont pas au courant de notre visite. Roger est très mécontent. Il nous
semble avoir aperçu une jeune fille au travail, nous demandons à la voir.
Assise sur le sol, elle saisit des nervures de palmiers raphia, pratique une incision avec son grand couteau, les dédouble, coince les lanières souples entre ses deux orteils pour tirer sur les tiges dont elle se débarrasse. Lorsqu'une belle touffe s’épanouit aux orteils, elle la roule en pelote. Étalées et séchées, les lanières sont filées en de longues ficelles. Dans une
autre cour, une femme tresse. Les ficelles ont été fixées à des bûchettes piquées dans le sol tous les dix
centimètres pour former un grand rectangle. Sur cette trame, elle glisse les tiges séchées (dessus-dessous) qu’elle resserre à chaque rang.
Beau travail !
Un attroupement s’est maintenant formé
autour de nous. Les hommes présents qui ne sont pas les responsables du
groupement parlementent avec Roger. « Ils ont été prévenus plusieurs
fois, l’étude de leur demande sera pour l’année prochaine » dit-il.
Nous rentrons tard mais pas besoin
d’aller au marché, nous avons ce qu’il nous faut pour déjeuner dans la cour de
l’hôtel.
Avant de visiter notre dernier groupement, nous retournons à la mission catholique pour rencontrer les enseignants et les élèves. Les petits "mange-mil" de la maternelle (expression de Léon pour parler des enfants) sont alignés en rangs dans la cour après être passés au lavage des mains dans une cuvette. L’institutrice sœur Josiane donne le top pour entrer dans les classes « en silence ! » Sa rigueur est perceptible au ton de sa voix. Originaire du Niger, elle a enseigné plusieurs années en France, d’abord à Lille qu’elle a beaucoup apprécié puis en Bretagne. Dans les classes, les plus petits se sont allongés sur des nattes pour la sieste, les autres entament les activités de l’après-midi. Nous remettons le matériel scolaire qui leur était réservé et sommes récompensés par des chants exprimés avec beaucoup d’ardeur. Lorsque nous quittons la classe, les enfants clament d’une seule voix « Au revoir tonton – Au revoir tanties »
Les salles ne sont pas toutes
opérationnelles car pas toujours fonctionnelles. C’est le cas de la salle
d’accouchement que le directeur fait remanier et du laboratoire qui va être
carrelé du sol au plafond.
Puisque nous sommes dans le secteur, nous poussons jusqu’au Palmier. De jour, nous retrouvons le chemin. Ali n’est pas là mais deux garçons nous font visiter le dancing. "La nouvelle" est agréablement surprise, elle ne voyait pas ce que ça pouvait donner.
L’après-midi se termine chez Roger qui nous conte les rites et coutumes
du peuple de la Forêt, sa région, où beaucoup de petites ethnies ont chacune
leurs propres croyances mais toutes pratiquent la magie et les rites secrets
dont l’initiation dans les forêts sacrées. Comme tous les ans, j’essaie de
percer le mystère de la fabrication des ponts de lianes… mais ça, c’est top
secret. Toujours la même réponse «ils se fabriquent en une nuit.» Le hamac géant de 70 m de longueur que nous
avions emprunté en Guinée forestière, fait de milliers de lianes tressées,
construit en une nuit ? La bonne blague ! Qu’il soit suspendu en une
nuit est déjà un exploit. Qu’au lever du jour les habitants découvrent un pont
miraculeux pour traverser en quelques minutes là où ils mettaient plusieurs
heures en faisant un détour, c’est vrai. Mais lorsqu’il s’agit de savoir par
qui et comment il a été conçu, impossible d’avoir une réponse claire. « Seuls
les initiés le savent » Je peux dire que celui de Sérédou a été un grand
chantier pour les initiés. Mais laissons la magie opérer « Ils se
fabriquent en une nuit ».
Roger regrette que le modernisme affecte le parcours initiatique des
jeunes et entraîne l’abandon des pratiques ancestrales. Les ponts de lianes
sont amenés à disparaître, faute d’initiés et de lianes.

Ce soir c’est la fête chez Aminata, la
présidente du soutien à la maternité. Elle a rassemblé les femmes du groupement
dans sa courette. Nous sommes agressés par les griottes. Elles nous attrapent
par la taille pour nous faire tourner en rond de plus en plus vite au son du
balafon et des djembés. La plus vieille vante nos mérites dans son porte-voix jusqu’à ce que les petits billets sortent de nos poches. Pendant une
demi-heure, nous sommes entraînés dans une spirale endiablée de son, de danse,
de rire sans pouvoir nous échapper. Les "jus" frais arrivent à point.
Lorsque le calme est revenu, la discussion porte sur les années de service
d’Aminata à la maternité. Avec une moyenne de 40 accouchements par mois il y a
20 ans et le double aujourd’hui, il y aurait eu environ 12 000 naissances
durant sa carrière. Ça ne veut
pas dire que les naissances ont doublé, bien au contraire, mais que les femmes accouchent de moins en moins chez elles. Avant, elles étaient transportées à la maternité uniquement
lors de complications et souvent c’était trop tard. La mortalité infantile est
passée de 13 % en 2000 à 5,5 en 2018. Des campagnes de sensibilisation au
planning familial sont organisées auprès des femmes dans les villages pour
réduire le nombre d’enfants. Les hommes, invités à y participer, ne sont guère
présents. L’accès aux consultations et
aux produits contraceptifs est très limité, faute d’informations et de moyens.
Echange intéressant particulièrement avec la sage-femme en poste actuellement.
Au Petit Versailles, Odile a préparé
nos notes. Elle tient à nous faire visiter les chambres de la nouvelle maison construite
près de chez elle. Elle aimerait passer un accord avec le propriétaire pour les
louer. Il faut reconnaître que c’est superbe. Plusieurs petits appartements
bien aménagés avec deux chambres et salon cuisine. Tout brille, carrelage,
meubles, rideaux, c’est le luxe. Mais moi je préfère l’animation du Niara Belly
même avec la chasse au rat. Les chambres sont propres si on ne regarde pas trop
dans les coins, les garçons sont sympathiques, nous les faisons travailler, Ali
réclame souvent du linge à laver, Alcény est très serviable et toujours impeccable.
Avec Député Camara que nous avons connu collégien, nous avons des nouvelles du pays,
nous discutons le soir lorsqu’ils sont tous rassemblés dans la cour à refaire
le monde. Ici, comme pour le dîner, nous
serions isolés de la population, nous ne verrions pas, au petit matin, les
femmes partir au marché avec leur cuvette sur la tête, les enfants aller à l’école dans leur uniforme, nous ne pourrions pas aller à pied au marché, au port, dans le cœur de
la ville. J’aimerai lui fournir un revenu supplémentaire et je comprends
qu’elle veuille le
mieux pour nous, eux qui aspirent à vivre dans de belles
maisons comme les nôtres, mais l’immersion dans le pays, c’est ce qui me plait.
Notre façon rudimentaire de voyager avec notre tente sur le toit c’est pour
être au plus près de la population. Là aussi.
Opération délicate : le chargement
des bagages. Le coffre était plein de Conakry à Boffa et il faut ajouter les
deux sacs de Bernard plus une partie de la compta qui n’a pas logé dans nos
valises. Les garçons ont commencé mais ça ne va pas. Manœuvre réussie sous les
directives de Bernard qui n’autorise aucun conseil…
Peu de circulation jusqu’à Dubréka où nous stoppons manger nos fruits, après c’est une autre paire de manches. Les voitures circulent à double sens, à contre sens en soulevant des nuages de poussière rouge. On nous double à droite, on nous frôle à gauche et ça klaxonne à qui mieux mieux. Aux carrefours, c’est la pagaïe. Bernard qui a une certaine expérience, ne laisse personne lui griller la priorité. C’est impressionnant ! Après chaque rond-point, on se dit qu’on l’a échappé belle. Les véhicules sont pleins à craquer. Des ballots, accumulés sur le toit, penchent dangereusement malgré les efforts de jeunes garçons accrochés à la portière pour essayer de maintenir le chargement. Conakry, nous voilà !
Ce soir Emile est en verve. Devant son
verre de « pastaga » il raconte ses histoires de jeunesse et ses
amours déçues pour conclure « Les femmes ne sont pas faciles ici en Guinée ».
Pauline et Emile ne nous
lâchent pas. Toute la soirée, Emile réclame le camion en bûchettes de Christine.
Après un bon sermon, un semblant de
renvoi, il le rappellera à son service dès le lendemain. Et puisqu’il a sans
doute besoin de cet argent ; pour quoi faire, nous ne le saurons pas ;
Emile nous demandera de lui donner 100 000 FG de pourboire demain au
moment de partir. Emile nous loge gracieusement, il préfère que nous donnions
des enveloppes à ses employés.
Avant de partir nous aimerions voir la
mer et ce n’est pas une mince affaire. Entre les baraques-échoppes des
pauvres et les immeubles des promoteurs, la côte a été colonisée. Elle est
pourtant à quelques mètres de nous, battant la corniche sud que nous suivons le
long du trottoir sans trouver le moindre interstice pour la voir. Le
propriétaire d’une maison accepte que nous entrions chez lui pour admirer le
point de vue et prendre quelques photos depuis sa terrasse. Longtemps appelée la
perle de l’Afrique, Conakry la ville-presqu’île est toujours une perle… enfouie
sous la misère.
Cet après-midi, dernier maraîchage.
Groupement GMC Camara à Yenguissa
Président Mr Moustafa Camara
Un peu avant le pont de la Tibola, Mr
Camara nous fait des signes au bord de la route. Nous le suivons dans un
sentier ombragé qui descend rapidement vers le bas-fond. Les planches
d’aubergines sont belles, beaucoup plus que l’année dernière. Ils ont un peu
défriché pour agrandir mais Roger trouve qu’ils auraient dû faire plus. « Il fallait
7 millions pour tout défricher, c’était trop » se défend Mr Camara. Roger
rétorque qu’il faut faire petit à petit. Il procède à un véritable
interrogatoire sur le volume de légumes vendus, le chiffre, l’argent qu’ils ont
gardé pour continuer le défrichement, etc… Il lui donne une leçon de gestion.
Avec la prochaine subvention, il faut beaucoup plus de défrichement,
plantations et récoltes, lui assène-t-il, pas aimablement. Le résultat escompté
n’est pas là mais nous remettons tout de même nos cadeaux et repartons avec un
grand seau de pamplemousses. Très doux !
Chez Mabinti’Couture, le boubou de
Claudine est réussi, la robe de Christine aussi, un peu moins les pantalons.
Nous pourrions loger toutes les deux dedans… enfin presque. Elle renonce à les
faire retoucher, elle verra ça en France. A l’atelier du marché, Geneviève est
contente de sa jupe.
Ce
soir, le groupe s’est agrandit chez Odile. Clémence, Tatiana, Timothée,
Thomas, Xavier de la base de CMC dînent avec nous. Nous avons les dernières
nouvelles. Les maires de plusieurs communes de Conakry avaient interdit la
grande manifestation prévue aujourd’hui mais les militants du FNCD sont
tout de même descendus massivement dans les rues. Un jeune homme serait mort touché à la tête par une bombe de gaz lacrymogène ou un tir. Depuis mi-octobre, la mobilisation a fait une trentaine de victimes.
Après ces mauvaises nouvelles,
l’ambiance est bon enfant. Une partie de l’équipe va changer. Le coordinateur
en chef Timothée part la semaine prochaine remplacé par Xavier, Clémence finit
en juillet, Thomas est là jusqu’à la fin de l’année. Une conversation s’engage
avec Christine qui s’est occupée de sa grand-mère à l’Ehpad de Marans, Mme
Bouet. Avec Clémence, nous parlons du centre de formation professionnelle pour
jeunes handicapés de l’ONG Guinée Solidarité à Mamou où elle était en poste
avant d’arriver à Boffa. Les responsables de l’époque, Fabien et Nawen nous avaient hébergés en 2016.
Nous ne manquons pas de les visiter lors
de nos périples dans le Fouta Djalon. L’année dernière, le centre a reçu des
machines à coudre et à tricoter collectées par Didier et Colette et un fauteuil
roulant. Ils avaient été acheminés en camion depuis Bressuire par Jean-Paul
Auger, grand bienfaiteur de la Guinée, qui avait organisé une expédition de
plusieurs camions de matériel.
Concernant le comité, Clémence espère
que la remise des enveloppes ne sera pas retardée pendant des mois par le maire
comme ce fut le cas l’an passé. Roger, qui devait faire patienter les
groupements, était excédé. Nous ne le verrons pas. Bernard l’a rencontré la
semaine dernière, depuis, Mr Kissing Camara est à Conakry.
Vendredi 6 mars
Adama Barry nous emmène à son école qui
a reçu des tables et des chaises de la part d’une entreprise marandaise. Une équipe de généreux donateurs qui a déjà réalisé cette opération au bénéfice d’autres pays d’Afrique, avait chargé
Bernard de trouver une école à Boffa. Le directeur de l’école du Centre nous
accueille dans la cour vide et la plupart des classes vides. On ne sait pas
s’il a réquisitionné des enfants pour notre visite mais ils sont là, en robe
vichy à carreaux bleus ou rouges et ensemble beige pour les garçons, assis
derrière les tables en contreplaqué marine peintes de couleurs vives. Nous avons droit à une leçon de lecture au
tableau. Lorsque la jeune Aminata sèche, Babacar est envoyé en renfort.
Monsieur le directeur transmet ses vifs
remerciements à ses mécènes.
Nous remercions l’équipe de CMC d’avoir
trouvé un transitaire pour les formalités de dédouanement et un transporteur de
Conakry à Boffa.
Sur le chemin du retour, Adama nous
confie qu’elle veut changer d’école, elle préférerait un établissement plus
petit. Ici, elle doit assumer deux classes, plus de 100 enfants. Pour faire
travailler tous les élèves, l’école a institué un roulement dans les
classes : 8h/13h pour un premier groupe - 13h/17h pour le deuxième. Pas de
répit pour les enseignants qui n’ont pas augmenté en conséquence.
Nous lui proposons d’aller avec elle
dans l’école qu’elle aimerait intégrer. Effectivement, elle est beaucoup plus
petite. La directrice, courte et bien portante, est très sympathique. Ici,
plusieurs classes ont cours, et notre venue n’était pas annoncée. Nous savons que
l'équipe de mécènes marandais a commencé la fabrication d’autres tables pour Boffa. Laisser
entendre à la directrice qu’elle aura peut-être la chance de recevoir des
tables de France, serait un sérieux coup de pouce pour le poste convoité par Adama.
Avant de visiter notre dernier groupement, nous retournons à la mission catholique pour rencontrer les enseignants et les élèves. Les petits "mange-mil" de la maternelle (expression de Léon pour parler des enfants) sont alignés en rangs dans la cour après être passés au lavage des mains dans une cuvette. L’institutrice sœur Josiane donne le top pour entrer dans les classes « en silence ! » Sa rigueur est perceptible au ton de sa voix. Originaire du Niger, elle a enseigné plusieurs années en France, d’abord à Lille qu’elle a beaucoup apprécié puis en Bretagne. Dans les classes, les plus petits se sont allongés sur des nattes pour la sieste, les autres entament les activités de l’après-midi. Nous remettons le matériel scolaire qui leur était réservé et sommes récompensés par des chants exprimés avec beaucoup d’ardeur. Lorsque nous quittons la classe, les enfants clament d’une seule voix « Au revoir tonton – Au revoir tanties »
Halte dans la cour des grands. Nous avons des dossards pour les primaires et le collège. Mr le directeur n’est pas là, nous les donnons à Quentin, un jeune séminariste breton en stage ici pour un an.
Groupement de soutien à la maternité de Boffa
Présidente Mme Aminata Diallo Sylla
Le directeur de l’hôpital, Docteur
Isaac Kolié nous souhaite la bienvenue. Petit à petit, les femmes du groupement
arrivent à son bureau. Nous sommes vendredi, elles viennent après la grande prière à la mosquée. Mr Kolié remercie
le comité et particulièrement l’école Marie-Eustelle pour ses dons. Il nous
le dit chaque année ; il est émerveillé de l’implication des élèves et des
encadrants au bénéfice de leur maternité. Les sommes allouées pendant six ans (3 650
€) ont permis d’améliorer l’hygiène et les soins prodigués à la mère et à l’enfant
au moment où l’hôpital disposait de peu de moyens. Aujourd’hui, le grand
hôpital préfectoral qu’il est devenu reçoit plus de matériel. C’est ce que nous
constatons lors de la visite du service. Encore emballés sous plastique, il y a
des lits médicalisés, deux tables d’accouchement, une couveuse, des cartons de
consommables à usage unique. La sage-femme en chef précise qu’ils reçoivent
suffisamment de médicaments de Conakry.
![]() |
Du matériel neuf pour l'hôpital et la maternité |
Emmitouflé dans une couverture, un bébé
né ce matin dort sur le lit de sa maman qui semble en pleine forme. Ce n’est
pas le cas de cette jeune femme recroquevillée sur le sol, sans matelas, sans
natte. « Elle a fait une
fausse-couche ». Ça n’explique pas qu’elle soit couchée parterre. « Elle
est trop agitée, elle risque de se blesser, plusieurs fois elle est tombée du
lit, elle fait des crises d’épilepsie ». Bon! L’image est tout de
même rude.
Aminata, la présidente du groupement remercie
elle aussi au nom des femmes. Elle fait l’éloge de l’école Marie-Eustelle pour
laquelle elles ont préparé un colis afin d’exprimer leur gratitude aux élèves
et aux enseignants, en particulier à Fabienne Colas qui a managé les opérations
de solidarité. Nous remettons nos poches de pyjamas collectés par la crèche de St
Jean de Liversay ainsi que des médicaments et des compresses.
Vidéo de l'ancienne maternité en 2015
Puisque nous sommes dans le secteur, nous poussons jusqu’au Palmier. De jour, nous retrouvons le chemin. Ali n’est pas là mais deux garçons nous font visiter le dancing. "La nouvelle" est agréablement surprise, elle ne voyait pas ce que ça pouvait donner.
Réunion à l’hôtel pour décider des
attributions (voir le tableau). Nous tombons tous d’accord pour donner un peu
plus à Roger qui fait du bon travail.
« A quoi sert l’atelier de la coopérative des couturières et
teinturières qui a été financé par le comité de 2002 à 2008 ? » Bien avant le décès de la présidente Mme Cissé, il
semble qu’il n’était plus occupé. Bernard demande à Roger de se renseigner.
Si le groupement ne l’utilise plus, il serait normal qu’il revienne au Comité
de Boffa. Une nouvelle fonction pourrait être décidée en concertation avec le
comité de Marans.
En ce qui concerne le charbon de paille, les essais faits avec Denis M’Bou ne sont pas concluants pour
le moment mais le projet n’est pas abandonné. La combustion se fait mal, il
faut revoir la conception du bidon.
le coq "foté" surveille |
Pont de liane de Sérédou |
Une rumeur circule depuis quelques jours à Boffa. Des chinois seraient
arrivés sur leur site de Domingya en catimini. Débarqués en haute mer, ils
auraient été cachés dans un container puis acheminés par le Rio Pongo. Il y
aurait quatre cas de coronavirus, dixit le directeur de l’école de la mission. Le corona ! Nous l’avions oublié
celui-là. Ce sujet est très peu évoqué ici. Nous n’avons aucun chiffre, nous
n’en entendons pas parler. Personne ne fait attention.
Le Petit Versailles est plongé dans le
noir. Dîner à la bougie. C’est très agréable.
Samedi 7 mars
Nous attendons Bernard chez l’institutrice
Adama à qui nous avons apporté nos dernières fournitures. Il ne viendra pas, le
4x4 est en panne. Poussé par les garçons de l’hôtel pour le faire démarrer, il
est au garage près du terrain de foot. La batterie "n’est pas à plat", le
diagnostic se porte sur le démarreur. Les charbons sont changés dans l’heure
qui suit.
Au marché, nous faisons nos derniers achats à emporter : pâte d’arachide, fonio, poivre, gingembre, bissap séché, gombo pilé, citrons verts…
Au marché, nous faisons nos derniers achats à emporter : pâte d’arachide, fonio, poivre, gingembre, bissap séché, gombo pilé, citrons verts…
Le pajero est prêt en début
d’après-midi pour que nous allions faire nos adieux à la base de CMC, reprendre
le solde de l’enveloppe et remercier Clémence qui va se charger d’organiser la distribution
en présence de Roger et de la présidente Aminata. Le tableau de répartition lui
sera envoyé à notre retour en France. Elle nous remet 35 kg de comptabilité
pour CMC au Conseil Départemental à La Rochelle.
Nous ne regrettons pas d’avoir maintenu
notre voyage. C’est justement dans une situation critique que l’appui aux
groupements professionnels est important. Sans nos visites d’observation de
leur activité, ils n’auraient rien eu cette année. Bien que modeste, nous
estimons que notre aide n’est pas négligeable dans un pays ou le revenu mensuel
moyen est de 52 €. Souhaitons que le partage de leur richesse naturelle soit
équitable. Que ce gisement rouge de plus en plus exploité leur apporte un mieux
vivre, que la population en voit la couleur.

![]() |
La présidente et le vice-président du CJ |
Odile Barry |
![]() |
Député Camara |
Alcény |
Dimanche 8 mars
Ousman, Christine, Ali, Alcény et les enfants |
Salutations et petits billets aux commis
de l’hôtel pour les services rendus avant de prendre la route de Conakry.
Peu de circulation jusqu’à Dubréka où nous stoppons manger nos fruits, après c’est une autre paire de manches. Les voitures circulent à double sens, à contre sens en soulevant des nuages de poussière rouge. On nous double à droite, on nous frôle à gauche et ça klaxonne à qui mieux mieux. Aux carrefours, c’est la pagaïe. Bernard qui a une certaine expérience, ne laisse personne lui griller la priorité. C’est impressionnant ! Après chaque rond-point, on se dit qu’on l’a échappé belle. Les véhicules sont pleins à craquer. Des ballots, accumulés sur le toit, penchent dangereusement malgré les efforts de jeunes garçons accrochés à la portière pour essayer de maintenir le chargement. Conakry, nous voilà !
Nous retrouvons Emile et sa sœur Hélène.
Chez Emile |
Les histoires drôles alternent avec des
sujets beaucoup plus dramatiques comme les conditions de vie des handicapés,
ceux que nous avons vus dans la ville faisant la manche sur les terre-pleins et
aux carrefours. Considérées comme une malédiction, les personnes handicapées
sont exclues de la société, condamnées à vivre entre elles et à mendier pour
subvenir à leurs besoins. Marie-Noëlle fait remarquer que l’on ne voit pas de
handicapés mentaux. La réponse d’Emile est énigmatique et glaçante « Ils
étaient emmenés à la maison du sorcier et le diable venait les prendre »
La conjugaison au passé n’est peut-être pas complètement la réalité.
Emile et Pauline |
Lundi 9 mars
Ce matin, tour de quartier avec un
arrêt chez le cambiste d’Emile pour un peu de change supplémentaire. Pour ces
deux semaines, nous aurons dépensé 900 € tout compris (vol-hébergement-restauration-location
du véhicule-carburant), les achats personnels en plus bien sûr.
A l’heure du déjeuner, Joseph a quelque
chose à me dire. Son visage d’un naturel triste est figé dans un rôle
dramatique pour me narrer ses mésaventures. Cette nuit, il s’est battu dans un
maquis, la victime a été transportée à l’hôpital, il est convoqué à la police.
-
Je ne peux rien pour toi, il faut que tu en parles à Emile
- Non ! Il sera en colère, il va crier. Si je donne 100 000
à la famille pour l’hôpital, ça ira
-
Je veux bien te donner 100 000 (10 €) mais je préfère
en parler à Emile
Pour me convaincre, il me passe
plusieurs personnes au téléphone. Elles ne comprennent rien à cette histoire.
Il dit qu’il a été lui aussi blessé et me montre un petit accroc blanc sur son
torse, une cicatrice qui date de plusieurs mois.
Il avait raison. Emile est en colère,
très en colère et moi bien ennuyée.
-
Il veut te soutirer de l’argent. Il raconte des histoires.
Je vais le renvoyer.
Joseph, Emile, Fatou |
Bernard nous conduit chez les
sculpteurs pour des achats souvenirs. Une cora et une girafe pour Geneviève,
Statuettes et porte-clés en ébène pour Christine. Faites de bois et de tôles, leurs
échoppes sont rudimentaires mais ils ont beaucoup de marchandises.
Au volant, Bernard "envoie
promener" Emile qui lui donne des conseils de conduite « Attention à
droite - stoppe - démarre » Rires étouffés à l’arrière. Emile commente « Il
est ronchon… mais il est doué d’ubiquité ».
Nous n’avons plus d’eau minérale. Sortie nocturne dans la rue à
l’épicerie de Jacqueline. Dans quelques mètres carrés grillagés, elle a
aligné sur des étagères un peu d’épicerie, de quincaillerie, des cigarettes
qu’elle vend à l’unité. Sur le minuscule espace libre, ses enfants Emile et Pauline dorment
parterre sur une natte.
Mardi 10 mars
![]() |
photo wikimedia fondation |
Emile doit préparer le colis de 23 kg
de produits guinéens que nous allons rapporter à sa famille de La Roche
s/yon. Les dorades sont fricassées, nous partons acheter les fruits et légumes.
Le scan de l’aéroport détectera un flacon suspect. Appelé au téléphone pour une
explication à l’agent des douanes, Emile répondra sans hésitation « c’est
de la pâte d’arachide ». L'agent précise « Ce n’est pas de l’huile rouge ? car c’est
interdit .» Il a eu la bonne idée de ne pas vérifier.
Christine s’est laissée tenter par des
papayes, corossols, mangues… pas trop mûres pour éviter la purée dans la
valise.
Nous quittons cette Guinée contrastée,
pauvre malgré ses richesses, qui rit aussi fort qu’elle pourrait pleurer,
contestataire et cependant si docile mais toujours attachante.
*Le référendum a eu lieu le 22 mars, marqué par des violences corporelles et matérielles. Le résultat est de 89,76 %
pour, avec une participation de 58,24 % et une large victoire aux législatives pour
le parti du président : 79 députés sur 114 élus.Annick Bouchereau
Sans le mot-d'ordre du Front National
pour la Défense de la Constitution de boycotter ce scrutin, les
résultats proclamés auraient-ils été différents ?!!!
*Le Coronavirus : En une semaine
les cas confirmés sont passés de 579 à 1094 (dont 225 déclarés guéris et 7
décès).
Il n’y a pas de cas officiellement
déclaré à Boffa mais quelqu’un de Conakry signalé contaminé étant venu à Boffa
la semaine dernière, la préfecture recherche les personnes qui l’auraient côtoyé.
CMC, en partenariat avec la préfecture
et la commune, a organisé une distribution de kits d’hygiène et de masques à la
population dans les lieux les plus fréquentés (marché, gare routière, port…) Infos CMC du 28/04/20
Le confinement, l’instauration d'un couvre-feu de 21h à 5h du matin et l'interdiction des déplacements non essentiels vers les régions sont appliqués depuis le 30 mars dans la capitale. Ainsi que la fermeture des écoles et des lieux publics dans tout le pays, des frontières et de l'aéroport.
Le 5 mai : Coronavirus - de nombreux nouveaux cas ont été détectés en Guinée, passant en 1 semaine de 1094 à 1650 cas confirmés (dont 437 déclarés guéri et 7 décès). Il n'y a pas de cas officiellement déclaré à Boffa.
Le 6 juin : Coronavirus - De nouveaux cas ont été détectés en Guinée, passant en une semaine de 3771 à 4165 cas confirmés (dont 2877 déclarés guéri et 23 décès). A noter qu'il y a entre 400 et 870 personnes testées par jour. Il n'y a pas de cas officiellement déclaré à Boffa.
Le confinement, l’instauration d'un couvre-feu de 21h à 5h du matin et l'interdiction des déplacements non essentiels vers les régions sont appliqués depuis le 30 mars dans la capitale. Ainsi que la fermeture des écoles et des lieux publics dans tout le pays, des frontières et de l'aéroport.
Le 5 mai : Coronavirus - de nombreux nouveaux cas ont été détectés en Guinée, passant en 1 semaine de 1094 à 1650 cas confirmés (dont 437 déclarés guéri et 7 décès). Il n'y a pas de cas officiellement déclaré à Boffa.
Le 6 juin : Coronavirus - De nouveaux cas ont été détectés en Guinée, passant en une semaine de 3771 à 4165 cas confirmés (dont 2877 déclarés guéri et 23 décès). A noter qu'il y a entre 400 et 870 personnes testées par jour. Il n'y a pas de cas officiellement déclaré à Boffa.
Le 2 juin 2021 : Coronavirus - 23177 cas confirmés (161 décès hospitaliers)
Intéressante lecture, et beaucoup de découvertes pour ma part. J'attends impatiemment les photos illustrant ce texte. Petite remarque, il n'y a pas un lien sur ce blog pour s'inscrire et recevoir une alerte à chaque nouvel article ?
RépondreSupprimerMerci Jamy. Pas de lien, c'est vrai...je vois cela. Je peux aussi diffuser le lien sur notre facebook lors de nouvelles publications. En attendant pour faire une visite de temps en temps : taper Comité de jumelage de Marans sur google, on a le lien de suite. Malheureusement, pas d'article dans les semaines qui viennent puisque la pièce de théâtre avec la troupe "Les Tréteaux des 2 Tours" programmée hier soir a été annulée et la visite du Barrow-upon-soar Twinning en juin est annulée aussi. (les premières photos dans la journée)
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