Samedi 15 février
C'est Mohamed Bah, qui, de très bonne heure, conduira la délégation à l'aéroport de Nantes. Cette année, Annick (membre) et Bernard Bouchereau (membre d'honneur), Marie-Noëlle Andréü (membre du CA), Mauricette Maingot (membre du CA) et nous-mêmes Didier (Président) et Colette Tournade (membre) s'envolent vers Boffa après une escale de 8h à Paris. Longue attente laissant le temps de voir que le va et vient de passagers est de plus en plus africain.
Les deux bébés hurleurs pendant tout le vol ne vont pas nous empêcher d'apprécier le dîner avec poulet sauce taboulé, gâteau au chocolat.
Nous retrouvons ceux de Charente Maritime Coopération : Christophe Cabri (président), Jean-Marie Roustit (secrétaire), Christophe Sueur (président de Eau17) et Denis Minot (directeur de Eau17). Excellente soirée et nuit à l'hôtel Azur où Pathé Diallo est venu et nous présente notre chauffeur Amadou.
Dimanche 16 février
Après l'opération toujours étonnante du change en monnaie guinéenne, nous prenons la route. Amadou est discret, voire timide et conduit très bien au milieu d'un bon trafic de gros camions et petites motos qui se faufilent partout jusqu'au km36. Halte à Tanéné pour le pique-nique de kansis et mandarines.
16h - Arrivée à l'hôtel Niara Belly reçus par « député », surnom de Alpha Camara, responsable de l'hôtel. Petite balade au port avant d'aller chez Roger. Les pêcheurs sont bien occupés à réparer leurs filets.
Rafraichissement au maquis de Roger
Le « petit Versailles » nous accueille dans son nouveau décor. Les balustres ont disparu et sont remplacés par des belles fenêtres en fer forgé. Odile Barry fait tout son possible pour nous satisfaire, même si ce soir il n'y a pas d'électricité ! CMC est là aussi et partage notre dîner : « bouche à bouche » crudités et cochon de lait avec sauce dont elle garde le secret !
Diner chez Odile avec la délégation CMC
Lundi 17 février
Thé-café-lait-pain-confiture et quelques bananes. Voici le
petit déjeuner avant l'arrivée à moto de Roger Sagno. Nous allons ensemble
mettre au point le programme des rencontres de la semaine auprès des
groupements que nous aidons.
Pour la dernière fois, nous irons voir 3 groupements
(maraîchage-saponification- menuisiers) puis pour la 2ème fois nous nous
rendrons à la Mission Catholique (objectif : assainissement et hygiène).
Roger a sélectionné 3 nouveaux groupements. Quant à Bernard, qui nous quitte pour se joindre à la délégation de CMC dont il est vice-président, il a la bonne idée
d'aider les écoles maternelles. Il y en a 3 et sont privées (pas d'écoles maternelles publiques
ici). A ce sujet, il faut prendre un RV avec Mr le Maire que nous rencontrerons
avec les directeurs de ces écoles. Le planning est intéressant et varié.
Au marché l'agitation est toujours importante lors de nos achats pour le repas. La petite déambulation dans les étals de poissons et crabes ne manque pas de pittoresque. Lieux hauts en couleur et odeur.
Le marché de Boffa
Sœur Basile est aidée par Odile Jouët de Sarzeau à la Maternelle de la Mission Catholique. Nous arrivons à l'heure de la sieste des élèves. Les enfants ont 5 ans à la maternelle et beaucoup sont déjà pensionnaires !
Sœur Basile et Odile nous parlent de leur souci d'adduction d'eau . Cette dernière nous semble rigide et n'est pas pour le « n'importe quoi »...un petit don de vêtements d'enfants leur fait plaisir.
Roger Sagno
A la descente du drapeau à la Gendarmerie le salut militaire est de rigueur. Nous, en face chez Roger notre ami philosophe-agronome, nous apprécions les boissons fraîches du soir. Ne manquant jamais d'émailler ses propos de sentences intéressantes, Roger souhaite « ramener tout le monde à un sens de même vision » tout en égorgeant les Guilux.« Quand le caméléon marche doucement, si le bois tombe
devant, il dit : si ce n'était pas que je suis lent, le bois m'aurait tué.
Mais si le bois tombe derrière il dit : c'est parce que j'ai été rapide
que le bois ne m'a pas tué »
Attention peinture fraîche chez Odile...mais il y a de l'électricité !Au menu apéro-crudités-omelette-poulet bicyclette sauce arachide- salade de fruits ! Pas mal non ?
Mardi 18 février
KOUKOUBOUI : c'est le groupement des faiseurs de leffas. Son aide est terminée mais nous passerons leur dire bonjour. Leurs habitations sont dans la brousse en prenant une piste à l'entrée de Boffa. Elle est magnifique mais accidentée.
Leur production est une réelle réussite et la vente de leffas se fait sur place. Néanmoins une difficulté est née quand les Chinois ont brûlé les cultures de l’herbacée qu’ils appellent la paille (la matière première) lors de leurs agrandissements d'exploitation de bauxite... ils doivent maintenant se rendre à Boké.
Nous faisons quelques achats et ils nous en offrent une
dizaine.
Groupement de fabrication des leffas
Le leffa sert de couvercle aux jarres de denrée alimentaire
mais peut aussi être un élément de
décoration !
Lors des mariages 2 leffas sont placés sur une jarre, symbole de bonne entente du couple. Mais, attention, s'il en manque un... les familles doivent se rencontrer !
Quant à nous ? Ils font de très beaux dessous de plats
sur nos tables !
Groupement des pêcheuses de crevettes de SANFOUI au marais de THIA : Sur un fond de marigot bordé de grands palmiers (rôniers) des femmes et leurs filets ronds nous accueillent en chantant et dansant au rythme de bidons et bâtons pour instrument de musique. Ce sont des pêcheuses de crevettes qu'elles feront sécher pour les conserver. Elles partent sur des barques pour regagner le bord de mer. Leurs filets qui sont tendus sur une longue liane qu'elles lovent, est souvent, en fait, constitué d'une vieille moustiquaire...notre aide pourrait leur permettre d'avoir un meilleur matériel. Pour ne pas se blesser la plante de pied en marchant sur les coquillages, elles utilisent des bas de pantalons coupés qu'elles enfilent et retroussent sur leurs pieds (faisant ainsi plusieurs épaisseurs de protection) ...Elles auraient donc besoin de chaussures appropriées...
Les pêcheuses de crevettes
Mais tout se corse quand elles évoquent le désir de moteur sur leurs embarcations et aussi de congélateur pour la conserverie des crevettes ! Ce qui dépasse sans doute nos possibilités financières. Ont-elles de l'électricité ? Combien ça coûte ?... affaire à suivre...
Comme à chaque nouveau groupement, Didier, le président, leur signifie que les fonds
sont le fruit du travail des adhérents du comité de Marans qui organise diverses animations pour récolter cet argent, que nous bénéficions aussi de dons et que pour ne pas grever
le budget qui leur est alloué, chaque membre de la délégation paye ses frais de
voyage.
La rencontre se termine alors qu'elles simulent le mouvement de leur filet allant et revenant dans l'eau. Le tout était digne d'une carte postale ! Nous les aiderons !
Notre chauffeur est animé d'un 6ème sens qui le protège.
Quand il a un tracas, son cœur se met à battre très fort, il pose alors sa main
sur sa poitrine et l'agite en guise de clignotant, puis les leds s'allument et
le tracas stoppe !
Notre véhicule a de plus en plus de symptômes. Il fume et
parfois refuse de démarrer au premier tour de clef...
Amadou prend l'habitude de ne pas couper le contact ou de garer le Nissan dans une descente pour être sûr de repartir ! On parle de bougies de préchauffage, de pot d'échappement bouché sans évoquer les petits bruits de cliquetis en changeant de vitesse...J'ose espérer que ce 6ème sens serait efficace si nous tombions en panne !
Ce que je peux affirmer, puisque j'occupe la place du
passager (merci à tous pour ce privilège) ...c'est que j'ai bien vu
qu'Amadou parlait très souvent tout seul et tout bas... en fait ...il
prie !
Nous sommes donc protégés ! Inch Allah !
Mercredi 19 février
Roger Sagno est mécontent car Mr Ibrahima Sory BANGOURA, représentant
le Groupement des Menuisiers de Boffa n'est pas là au rendez-vous... il était là
hier … On fera sans lui !
L'entreprise semble sérieuse et travaille au ponçage plutôt
le soir quand il y a de l'électricité ! Roger se transforme en expert-comptable
et épluche les comptes pendant qu'un mouton se gratte le dos sur le ruban d'une
scie …
Comme « le courant est trop faible » ils aimeraient
acheter un moteur à essence, plus puissant, qui entrainerait le moteur
existant. Un moteur d'occasion est évoqué. C'est la 3ème aide.
Je découvre le Gmélina arbre à bois très clair, à croissance
rapide et tronc très droit aux larges feuilles apportant beaucoup d'ombre.
Quelques armoires, lits et bureau d'écolier montrent leur savoir-faire.
Ce qu'elles souhaiteraient ? « Coupler » la saponification avec du maraîchage à Domingya pour mieux se nourrir et tirer profit au marché.
Le groupement composé de 25 femmes parle de la dangerosité du travail et de la nécessité de porter des lunettes et des gants en manipulant la soude caustique.
Belle image de bonne entente et de réussite qui nous pousse à bien les comprendre. Affaire à suivre !
L'ADEDUFEM a pour objectif de réduire les déchets dans les écoles, favoriser l’hygiène en milieu scolaire, sensibiliser les enfants à l’éducation environnementale dans l'ensemble de la commune urbaine de Boffa. La représentante qui œuvre à la Mission Catholique est Mme Marie-Berthe Camara
L'école de la Mission est une des 1ères écoles catholiques de
Guinée fondée en 1879 par des pères missionnaires spiritains pour promouvoir
l'éducation. Le Père Guy évoque la présence de 12 enseignants et de 477 élèves (233
filles et 244 garçons) dont 90% sont
internes et viennent de Conakry. Les musulmans sont également accueillis car la
vocation de l'établissement est d'être au service des tous.
5 blocs de toilette ont été installés. Les élèves ramassent
les papiers et balayent la cour...en n'oubliant pas « que balayer ce n'est
pas punir »
Des projets d'extension sont abordés : création d'une
cantine avec un repas quotidien, développement sportif et informatique
Nous signons notre passage pour cette seconde année d'aide sur le livre d'or de l'école, puis Mme Camara présente son personnel avec tout son matériel de nettoyage. Photo à l'appui.
ADEDUFEM (sensibilisation à l'hygiène et l'assainissement dans les écoles de la commune de Boffa - Groupe à l'école de la mission
Mais savez-vous ce qui est indispensable d'avoir pour un missionnaire ? Réponse : un passeport valide ! Dixit Père Guy !
L’après-midi, Bernard a organisé une visite avec le maire appelé maintenant président car ils sont nommés et non élus tant que la junte au pouvoir n’aura pas organisé d’élections. Nous le connaissons depuis longtemps puisqu’il était proviseur du collège de Mankoutan jumelé, en 1994, avec le collège Maurice Calmel de Marans. Les échanges ont duré une dizaine d’années. Issiaga Soumah a terminé sa carrière à la direction préfectorale de l’éducation.
Pour ceux de la délégation qui ne le connaissent pas, les présentations s'imposent. Didier étant Mamouka, donc guinéen, devient frère du maire. Je deviens donc la belle-sœur du Maire (né en 1954). La famille s’agrandit !
De gauche à droite : l'adjoint à l'éducation, Mauricette, Le maire Issiaga Soumah, Colette, Bernard, Didier, Marie-Noëlle, l'adjoint au maire, Annick, Roger Sagno (vice-président du CJ de Boffa)
Réunion dans la salle de réception de la mairie
La visite des 3 écoles est programmée avec l'adjoint à l'éducation, ancien instit.
Jeudi 20 Février
MONA FANY est un groupement de forgerons. C’est une première
rencontre qui va nous passionner malgré le vol de chauve-souris à l'arrivée.
Leur métier est très utile car ils font beaucoup de réparations d’outillage.
Ils fabriquent aussi du neuf avec des métaux de récupération sur les chantiers.
Hélas les postes à souder électriques leur font une réelle concurrence et
amènent une certaine baisse d'activité. Mais ici dans la brousse ils ont quand
même de la clientèle. Et puis sachez que tous les secrets du village passent
par la forge !
Sous une case ouverte nous côtoyons les 3 formateurs et 5 apprentis ( dont un très jeune de 12 ans qui n'hésitera pas à nous montrer sa capacité à travailler au soufflet )....soufflet très archaïque en peau de chèvre. Ils vont nous faire une belle démonstration de fabrication de houe. Le manche est habilement fait au ciseau à bois, un trou est percé à chaud pour y fixer la ferrure. Un lambeau de feuille de palmier s'enroule autour du manche et le protège lors de la pose de la pièce rougie dans les braises. Un homme apporte un coupe-coupe à affûter.
La forge sous la paillote
Direction : le groupement maraîcher KATAMARA supervisé par
Albertine Katy. Très grand bas-fond entretenu par 25 familles qui s'alimentent de
ces magnifiques légumes : manioc, patates douces, maïs, gombos, aubergines
de plusieurs espèces et beaucoup de piment.
Le piment est bon pour la santé et soigne le ventre ! Et
puis n'oubliez pas qu'une femme refusera de cuisiner si elle n'a pas de
piment ! Les soussous et les Tomas en consomment beaucoup.



Le savon noir est un bon traitement contre les parasites (principalement
les chenilles qui arrivent à la saison des pluies avec les escargots) mais
d'autres produits phytosanitaires seraient les bienvenus.
Leur gros problème est celui de l'eau car le terrain est en pente.

Nous changeons de domaine. Voici un nouveau groupement de
saponification TÖNÖHAKO, composé de 27 membres- la présidente se nomme Fatima
Touré. L'accueil est chaleureux et en musique et pousse à la danse. Annick
notre spécialiste en chorégraphie va se réjouir. Rosalie Sagno rythme la danse
sur une grande gamelle.
On nous apporte des chaises sous le manguier pour assister à la fabrication de savons. Toutes ont mis un masque de protection (la soude est caustique et les projections dangereuses) Il faut des gants pour la manipulation.
A force de malaxage avec un simple gros bâton, les ingrédients, telle une mayonnaise, montent et font une mixture homogène. Reste à répartir la
pâte et faire les boules…C'est de l'OMO...à râper pour une prochaine
lessive !
Les ingrédients sont malaxés au bâton
Les boules sont formées à la louche et lissées à la main
Des gants, des masques, et des matières premières seraient à acheter pour élargir la production. Elles aimeraient faire du maraîchage parallèlement pour nourrir la famille. Affaire à suivre !
Le groupement Tönöhako et la délégation
Côté voiture : inquiétude d'Amadou qui recherche une
nouvelle batterie pour la Nissan capricieuse...
Vendredi 21 février
Ecole ARC EN CIEL fondée en 2020- avec 200 élèves. L'adjoint et le directeur nous font visiter
l'école. Une simple cloison de bois, haute de 2m sépare chacune des
sections ! Il aimerait une construction pour l'isolement des classes, du
matériel didactique pour donner le goût de l'école aux enfants.
Les chinois ont installé une aire de jeux qui a du
succès !
La vaccination
Interrogation au tableau Une future élève
Ecole HAWA DIALLO -avec 196 élèves. Le fondateur des 2 bâtiments est présent. L'adjoint à l'éducation est remarquable tant par sa tenue verte que par ses compétences d'animation ! Un pot nous est offert sous le manguier.
Chaque école souhaite un agrandissement de locaux !!
L'école est modeste, les classes sont bondées
L'école c'est sérieux
Ecole ANASTASIS fondée en 2014-158 élèves avec un besoin de cahiers, d'ardoises, d'affiches et banderoles. Là encore les élèves motivés par l'adjoint ânonnent l'alphabet en hurlant et répondent tous ensemble aux questions ! Les enfants portent tous des uniformes, les études se font en français. Ils récitent des poésies à grands cris mais lorsqu'ils doivent décliner leur identité, ils le font d'une voix éteinte voire inaudible ! C'est très drôle.
La ferveur des chants
Travail au tableau et sur l'ardoise pour la moyenne section
Nous ne pourrons accéder à leur désir de construction pour de nouvelles classes... ils l'ont bien compris. Notre action sera beaucoup plus modeste mais certainement efficace... affaire à suivre...
Nous avons fini nos visites des groupements. Une réunion avec Roger Sagno à l’hôtel va nous permettre de finaliser le tableau des subventions. L’année passée, nous avions décidé d’augmenter la somme allouée à chaque groupement. Ce montant est validé et reconduit pour cette année 2025. La somme de 4 000 €uros est remise au responsable de CMC qui se chargera, avec Roger, de la distribution des enveloppes. Pour ses frais de déplacements, l’organisation des visites, les conseils et le suivi des groupements, nous remettons une enveloppe à l’agronome philosophe Roger. Il est très content et nous aussi. Nous apprécions son sérieux, son engagement, ses connaissances mais aussi ses traits d'esprit, ses anecdotes qu’il nous distille pendant tout le séjour avec un sourire malicieux.
cliquez TABLEAU DES SUBVENTIONS
La semaine prochaine, changement de cap, nous prendrons la direction de la Moyenne Guinée : Friguiyagbé-Mamou-Dalaba-Pita-Labé en repassant par le fameux Km36. Partir deux semaines, nous permet, après Boffa, de faire un peu de tourisme dans une autre région de Guinée qui en compte quatre.
Samedi 22 Février
Marie-Noëlle fête son anniversaire. C'est
au marché de la Gare routière que nous allons trouver ses cadeaux
d'anniversaire...à offrir chez Odile à l'apéro.
Un repas promis chez Ndiaye. Chose faite avec un excellent poisson cuisiné sur son petit braséro.
C'est la journée des adieux : Chez Mme Bérété qui a perdu son mari en novembre dernier. Il a été président du Jumelage de Boffa. Puis chez la petite sœur d’Amadou, notre premier chauffeur décédé en 2006.
A gauche : Amadou Bérété (le fils) - Bintou la fille (foulard blanc) - Mme Bérété (foulard bleu)
Chez Fanta, la sœur de Ndaye. Elle est superbe et porte bien la toilette et les bijoux. Elle vit à Nantes et revient parfois au pays. Visite du fournil que tenait leur père.
Et par hasard nous croisons l'adjoint à l’éducation. Toujours jovial et souriant, heureux de nous revoir…je lui dis qu'il ne faut pas pleurer et que nous reviendrons…et il repart sur sa mobylette.
Chez Odile qui est repartie à Kamsar, Marie-Noëlle découvre
ce soir tous ses petits cadeaux emballés dans des papiers de fortune...des
chaussettes bigarrées immettables, des foulards grands comme des mouchoirs, des
bijoux cassés trouvés sur nos chemins mais qui brillent...un joli bracelet
qu'elle portera beaucoup les jours suivants et puis...ah oui une gourde offerte
par Mauricette.
Joyeux Anniversaire Marie-Noëlle
Mais pourquoi trinquons-nous, nous demande Roger? C’est
en rapport avec les 5 sens !
« Le nez sent, les yeux voient, la bouche goûte, on touche
le verre, seules les oreilles n'ont pas eu de rôle…alors on
trinque ! »
Je note discrètement que Roger manque de livres scientifiques
de botanique : plantes et leurs milieux, les climats et techniques
agricoles. Lui l'agronome est resté curieux...je chercherai à la Bourse aux
livres d'avril un genre de Memento !
"Au revoir Roger" (en face : la gendarmerie de Boffa)
Dimanche 23 février
Les valises sont faites. Roger vient nous dire au revoir.
Amadou fignole la voiture qu'il aura lavée tous les jours avec le même petit
chiffon vert qui d'ailleurs sert à tout !
9h30 Départ avec une moyenne de 30-40km/h dans les
montées et 90 dans les descentes… on croit s'envoler.
Toujours le charbon de bois, les fagots et le manioc abondent
le long de la route. Des travaux de réhabilitation des routes semblent être à
l'ordre du jour avec des gros trous camouflés sous des branchages ou des
pierres ! Le chauffeur doit être vigilant !
Il fait très chaud, la pollution résultant des gaz
d'échappement prend à la gorge et pique les yeux.
Bientôt va commencer toute une série de difficultés avec la
voiture qui refuse de bien avancer !
Quand, au milieu d'embouteillages sur la rocade du
km36, la Nissan stoppe en fumant de plus belle. C'est la panne !
Didier n'hésite pas et descend du véhicule immobilisé pour le pousser !
Sous les applaudissements nourris des africains riant de voir un blanc pousser
une voiture en plein embouteillage ! Bravo...elle repart...hélas pas pour longtemps ! Nous sortons tous de
la voiture lorsqu'une épaisse fumée blanche puis noire laisse présager un
avenir difficile !
Mais, surprise une Peugeot stoppe. C'est un ami d'Amadou qui
va nous proposer un nouveau transport...entassés tous les 5 avec nos bagages
pour FRIGUYIAGBE sur une piste très mauvaise.
C'est la panne sur la route du Fouta Djalon
Lundi 24 février
Monastère Sainte Croix. Sérénité-Calme ! Que du bonheur
surtout que le souvenir de Ninou plane dans les lieux.
Sœur Françoise, une belle petite Agathe et sa maman nous accueillent. La promenade vers les bas-fonds nous mène au lac et ses torrents. Dominique, issu de Poitiers et neveu du Père Michaud élève des cochons mais semble désabusé. Il aurait aimé (supervisé par le CAPAC (Centre Agropastoral de l'Archeveché de Conakry) voir son entreprise se poursuivre par des jeunes guinéens. Mais ces derniers ne recherchent que l'argent « clef du monde » pour se payer un portable puis une moto...
Promenade à la cascade et ses bassins naturels
Ce soir sous l'apatam, après les complies nous retrouvons Sr
Vianney qui piaffait de nous revoir « dixit Françoise » avec
une pensée pour Ninou
Mardi 25 février
Pendant la nuit, un nouveau chauffeur dans une nouvelle
voiture débarque. Y'a pas de problème !
Les gros bagages iront sur la galerie avant le départ pour
Mamou, pays des ananas dont on va faire des provisions pour les futurs
pique-niques.
Keita Mamed conduit très vite parmi tous les gros camions sur la route du Mali et Sénégal. Beaucoup sont en panne ou bien l'ont été si on en juge par le nombre de grosses pierres laissées sur les bas-côtés et qui servent à caler les roues.
Mamed émaille ses propos en pulaar par des mots français .C'est drôle et puisque Didier est guinéen, il décide de m'apprendre le pulaar.
- Diarama = Bonjour
- Belkédia = J’ai bien dormi
- Alparka = Bon appétit
(Orthographe non garanti)
MAMOU : Hôtel Californie. C'est le grand luxe avec
piscine olympique (2x3m). Chambres confortables et douches bien chaudes.
Le patron aimerait nous servir de guide pour visiter la
région. Pathé arrive, puis le fameux Mr Baldé, le loueur de nos diverses
voitures. Demain nous en aurons une nouvelle ( la 3ème) avec la clim ! Il
en profite pour nous offrir un pot au café de la gare puis repas à l'hôtel.
Hôtel Californie - Mamou
Mercredi 26 février
Petit dej sans pain ni beurre, sans café ni chocolat, sans vache qui rit ni confiture ...mais omelette. Ça change !
Pathé nous conduira au marché pour l'achat de tissus (sa présence est bien utile pour la baisse des prix).
Le projet est de se rendre à TIMBO et pique-niquer près d'une ancienne maison coloniale qui brille par son délabrement, squattée maintenant par les vaches et surement les biquettes qui nous accompagnent pendant le repas. Au XVIIIIe siècle, Timbo était la capitale théocratique du Fouta Djalon. La mosquée est l'une des premières construites dans le pays. Pathé a réquisitionné des siège, banc et bureau pour notre festin sous un magnifique anacardier (fruit : noix de cajou). Au menu ananas pain bananes.
Une énorme sauterelle aux élytres orange vient nous rendre
visite...
Pathé ira à la mosquée pour prier.
Ancienne maison coloniale de Timbo
Centre Konkouré/ Hassatou Bah nous accueille après une montée abrupte et difficile. Elle nous présente les ateliers de Couture Tricotage et Mécanique juste avant la fin des cours dispensés aux jeunes handicapés. Ce centre a été fondé en 2006 par l'ONG Guinée Solidarité de Nadine Bari.
Nous évoquons le convoi humanitaire des Deux-Sèvres auquel
nous avions confié des machines à coudre et tricoter.
Un couple de retraités bordelais de St Genès va consacrer son année à l'aide de ce centre.
Centre de formation professionnelle pour handicapés fondé par l'ONG Guinée Solidarité

Ce soir on dîne chez Pathé. On découvre sa vaste maison
occupée par une grande famille pleine d'enfants y compris son petit dernier Tierno
Abdoul Diallo 6ans
C'est un « repas-canapé ». Au menu : bissap et
gingembre- « soupe rouge » ( bettave-chou rouge et...mayonnaise) - ragoût
de bœuf aux pommes de terre.
La viande est dure...un couteau serait le bienvenu. Eh bien non ! on coupe la viande avec la tranche de la cuillère à soupe. Y'a mieux ! Au dessert Papaye à maturité idéale (si ça n'est pas le cas elle a
le goût de vomi) … excusez le détail !
On rentre à pied avec Pathé sa femme et Tierno.
Les filles iront en boite à l’hôtel…elles sont restées très
jeunes.
Jeudi 27 février
Petit dej où chacun compte ses sous (sauf moi). Nous avons changé à 9300 FG pour1 € ce qui représente beaucoup de liasses de billets.
Départ prévu vers 9h avec beau temps de rigueur mais un accident sur la route nous oblige à prendre une déviation par la piste. Sacrée piste ! La galerie d'une voiture et tout son chargement ont versé dans le ravin ; le filet d'un taxi brousse pendouille, la cargaison s'est éparpillée dans la latérite ; des camions se croisent avec difficultés ; des voitures tentent de nous doubler dans des passages trop étroits.
Mamed dit alors en parlant du chef d'Etat « S'il veut augmenter son mandat faudra refaire la route ».
Beaucoup de billets pour peu d'argent
« Merci Jean-Paul » (merci aussi à Bernard) ... ajoute Annick ! Grâce
au laisser-passer de ce Monsieur qui est quand même Ministre d'état...nous
franchissons tous les barrages nous libérant ainsi du plus petit bakchich …
« Bon voyage à tous sur les routes de
l'impossibilité » ce que je viens de lire sur l'arrière d'un camion…
C'est le Ramadan. Mamed a apprécié que nous l'autorisions à
suivre les prières du Coran sur son téléphone…Mais honnêtement nous commençons
à être saoulés par tous ces salamalecs...
Prétextant de vouloir parler à Annick, il baissera sa radio.... Mais pour
combien de temps ?
Nous retrouvons Koumanthio à LABÉ dans une station Shell. Elle nous a réservé une
chambre à l'hôtel Safatou où nous tombons dans le luxe ! 650 000FG la
nuit !
A 19h Nous sommes reçus chez Koumanthio, princesse peuhle et son mari Mr Dieng « le professeur » au-dessus du « petit musée du
Foutah » qu'elle fonda en 2001. On ira le visiter demain avec un jeune guide…pour
le moment nous faisons un
« repas-canapé » !
Nous sommes invités chez Koumanthio et son mari Mr Dieng
Au Musée, la célèbre parabole d’Hampaté Bah accueille les
visiteurs « En Afrique, un vieillard qui meurt c'est une bibliothèque
qui brûle »
Le guide est intéressant ainsi que tout ce qui est exposé. Le
musée présente des scènes de vie de l'ethnie peuhle avec beaucoup d'objets
locaux aussi bien usuels qu'historiques, religieux, tous très attachants. La
Guinée est une grande famille, elle est représentée par les 4 étoffes des 4
contrées. Voici aussi des instruments de musique mis sous vitrine... des
livres, des photos, des mannequins habillés de bleu indigo.
La case de la femme peuhle (intérieure et extérieure) : son lit, son foyer, ses ustensiles de cuisine et de stockage des denrées
Des vêtements aux couleurs nationales "jaune, bleu, vert" pour une Guinée unie en une grande famille - Être humble avec son savoir (maxime sur le mur)
Notre guide finira par nous poser des « colles » dignes d'un examen de passage…que je vais vous soumettre sous forme de questions à choix parfois multiples :
-1.
Par quels principaux symboles est représentée l'Ethnie peuhle ?
* Si
on a bien suivi... il fallait répondre : la Foi - la Femme - la Vache.
-2. Comment s'appelle le bonnet peuhl ?
* Réponse : le pouta / Les riches portent le pouta penché sur le côté tandis que les religieux en recouvrent toute leur tête...quant aux Rois, tel un grade, le bonnet est orné d'étoiles plus ou moins nombreuses.
-3. La coiffure de la Femme peuhle est très originale avec une crête
faite de leurs cheveux qui se dresse au sommet du crâne… mais comment
s'appelle cette coiffure ?
* Réponse : le cimier (Droit - Penché - Derrière) /Si le cimier est droit : vous avez affaire à une Princesse. S'il est penché sur le côté : vous êtes en présence d'une fille ordinaire. Si cette crête est placée derrière vers la nuque : cette Femme est une princesse célibataire.
Belle interrogation orale : On a tous réussi !!!
On partira en achetant une dizaine de leffas de 20 cm pour
nos petites sœurs de Ste Croix.
Si vous passez au pays du FOUTA n'hésitez pas à faire un plongeon au Musée pour vivre un peu dans cet univers du peuple peuhl et découvrez leur culture. Lieu incontournable que notre amie Koumanthio a su mettre en valeur en y adjoignant aussi des représentations de Théâtre, des lectures de contes et même des spectacles de danse traditionnelle !
En attendant notre chauffeur parti faire réparer son portable...on attend à l'ombre devant le musée. Un « voisin », fort aimable nous apporte des chaises et une dégustation de thé servi dans des jolis petits verres...incitation à notre repas !
Un verre de thé - si ça ne rafraîchit pas, ça hydrate !
Le retour se fait vers DALABA dans un monastère où nous
attend la Sœur Marie-Andrée en retrouvant la piste toujours aussi poussiéreuse,
fréquentée par des tas de biquettes bien chez elles !!!

Au Monastère Notre Dame de Guinée, les chambres sont modestes mais l'accueil est aussi chaleureux qu'à Friguyiagbé, différent, plus familial, avec la cuisine en extérieur où sur un grand braséro, la sœur nous prépare un souper avec les légumes du potager.
Sympathique séjour à Dalaba qui nous laissera, là aussi, de bons souvenirs
Le monastère Notre Dame de Guinée à Dalaba
Samedi 1er Mars
Excellente nuit dans des locaux simples et accueillants. Marie-Andrée change de « panoplie » pour les photos ! Pensons à faire des retirages pour lui en offrir !
Nous sommes sur le retour vers Friguyiagbé. L'état des pistes
n'a pas changé ….au grand dam de Mauricette ! Son état sanitaire
présente, après un violent choc au plafond du véhicule, une hémorragie
nasale.... Rapatriement sanitaire ? Non ! Elle va mieux !
Quelques clichés typiques du pays : Le transport, une lourde tâche.
17h : Sainte-Croix où d'autres visiteurs font
halte ! Un couple d'Anglais avec un très beau 4/4 aménagé pour l’aventure
et 4 Médecins normands dont 2 vont rester pour l'année dans une ONG. Agathe est
encore là avec sa maman !
Sœur Françoise encadre et instruit un groupe de jeunes autour
de Saint-Luc.
On partagera ce dernier repas ainsi que la vaisselle (même si
on manque de torchons) avant d'assister à nos dernières complies avec Sœur
Françoise à la Kora.
Au carrefour, halte pour acheter des ananas cultivés ici. Dans cette région de Kindia, il y a beaucoup de fruits et légumes.
Dimanche 2 mars
Départ pour CONAKRY. Le trafic est déjà dense et le chauffeur
s’adapte à la circulation urbaine. On était quand même mieux au village !
L'Hidjab est le vêtement souvent noir que portent les musulmanes.
Il couvre la tête et ne montre que le visage en cachant le cou, les épaules,
les bras parfois les mains, et peut même cacher complètement le corps. Impossible d'admirer leur « port de tête » qui faisait
d'elles de jolies silhouettes au maintien élégant. Dommage ! C’est malgré
tout assez exceptionnel lorsqu’on sait que 85 % de la population guinéenne est
de religion musulmane. La majorité des femmes que nous voyons porte le pagne traditionnel
ou de jolies robes cintrées qui découvrent largement les épaules.
Mr Baldé en profite pour réclamer un « rab » de
location de véhicule qu'Annick solutionne vite fait et ...bien fait ! Y'a
pas de problème non plus quand on roule sur un tas de sable qu'un camion vient
de perdre sur la chaussée ! Pas
plus quand on voit une auto en feu sur la rocade de Conakry.
Arrivée chez notre fidèle Emile Gaillardon à son ex Matam Lido. Il semble en meilleure santé et gère le petit monde qui l'entoure «comme un chef canton» dit-il en riant. Nous lui avions annoncé notre visite juste pour une pose avant l’aéroport mais il nous a fait préparer un repas. Un moment agréable dans son beau jardin.
Repas chez Emile Gaillardon à Conakry avant de reprendre l'avion
C'est le retour ! Le rêve s'estompe...Nous retrouverons notre MARANS où il fait bon vivre.
Voyage une fois de plus enrichissant où notre amitié tissée
depuis tant d'années nous donnera envie de revenir encore !
Lundi 3 mars
Nantes - Bernard est venu nous chercher. Le minibus nous conduit à Marans.
Bravo pour votre voyage en Guinée Conakry, j'ai bien aimé votre parcours, ça me rappelle de bons souvenirs.
RépondreSupprimerLes photos parlent d'elles-mêmes, elles sont belles et merci pour ce voyage qui fait rêver. Geneviève Coutanceau
Magnifique voyage ! Merci de partager ce récit intéressant, ainsi que les belles photos ! Ina Rotteveel
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